“le Venezuela de Chávez” de Maurice Lemoine, paraît aux éditions Alternatives

Champ et contrechamp d’une révolution sans précédent

Ils sont tous lá ! Les voici, faufilés jusqu’á nous entre les mailles serrées de la guerre médiatique. Qui ? Ces corps de citoyen(ne)s, ces poitrines en sueur, cet humour infatigable d’un peuple méprisé, occulté par les grands médias. Aux antipodes d´un Monde ou d´un Libération perdus dans les règlements de comptes franco-français (Chávez = Castro, etc..), Maurice Lemoine travaille, enquête, rencontre, écoute loin des sentiers battus, accumule des images dans ses cartons. Résultat : un cahier de près de soixante-dix photos, accompagné de 74 pages d´explications.

La première photo déborde la couverture. C’est la commune de Caracas. Un peuple brandit une racine de manioc, un thermo á café, ses mains nues et pousse les gardes nationaux á défendre le président contre un coup d’Etat versaillais. Puis il y a tous ces corps surpris avant d’avoir pris la pose. Ce mélange de rire et de douleur sur le visage de la jeune indigène tendant son bras au vaccin. Les dents du garcon adossé aux planches brutes pour égrener un maïs qui lui appartient pour la première fois. Ce doigt sur la tempe de cette femme aux cheveux blancs au hasard d´un quartier populaire ("révoquer Chavez ? pas fou non ?”). La technique photographique exprime une solide méthode journalistique. Ce n’est pas l’individualité exotique arrachée au téléobjectif pour atterrir dans un hall de la FNAC. Encore moins l´illustration d´une commande idéologique imposée au "correspondant". C´est l’image née du temps. Elle ne nous montre pas l’individu mais la relation entre les êtres.

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Coup d’envoi du Parti de la révolution bolivarienne

Les principales formations composant l’actuelle majorité présidentielle inaugurent leur processus d’unification.

Le Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV) n’est pas « l’enfant Jésus », selon l’expression du député chaviste Luis Tascon, mais sa naissance est tout aussi attendue. La semaine dernière, le président vénézuélien Hugo Chavez a donné le coup d’envoi du Parti de la révolution, conforté en ce sens par les six millions de suffrages obtenus le 3 décembre dernier lors de la présidentielle. Il s’agit, selon ses propos, de faire la preuve d’une plus grande unité politique pour affronter les défis de transformation du pays, et d’avancer sur le chemin « du socialisme du XXIe siècle », objectif phare du gouvernement bolivarien. Actuellement, la majorité présidentielle est assurée par vingt-quatre partis et organisations.

Dans la foulée des déclarations du locataire du palais de Miraflores, le Mouvement électoral du peuple et l’Unité populaire du Venezuela ont annoncé leur prochaine dissolution. Elle sera effective dès le mois de janvier 2007 pour le Mouvement Ve République (MVR), la coalition électorale fondée par Hugo Chavez. La création du PSUV soulève des interrogations et des débats, même si les forces en présence s’accordent à souligner la nécessité de l’union. Mais, à l’inverse de la gauche colombienne qui, après son score honorable de l’élection présidentielle en mai dernier (la gauche a obtenu un résultat inédit devenant ainsi la deuxième force politique du pays), a opté pour la création d’un parti et d’une direction constitués des différentes sensibilités la composant auparavant, dans le cas vénézuélien, il ne s’agit pas d’un pôle ou d’une coalition de tendances. Le Parti communiste vénézuélien, fort d’une tradition politique, sociale et électorale de soixante-seize ans, a conditionné la semaine dernière son adhésion aux choix des adhérents réunis lors d’un congrès extraordinaire prévu en mars 2007, selon la déclaration de son comité central : « Notre rôle (...) réside dans la construction des forces sociales capables de faire avancer les changements qui mûrissent dans la société, a rappelé son secrétaire général, Oscar Figuera. Nous ne faisons pas partie de ce processus pour (...) des postes », a-t-il précisé. Un point sensible car nul n’ignore l’existence de pique-assiettes et autres arrivistes au sein de la mouvance chaviste.

D’aucuns ont tenu à souligner que les formations partisanes de la révolution bolivarienne ne souhaitant pas s’intégrer au PSUV ne seraient pas pour autant marginalisées. Quant au dirigeant du MVR, William Lara, il a, une fois de plus, rappelé qu’il ne s’agissait pas « d’un parti unique mais uni » de la révolution. Cathy Ceïbe

site du PSUV

source: l'humanité

RCTV pourrait perdre sa licence d'émission

On reproduit le point de vue de RSF, une fois n'est pas coutume... mais pour se rendre compte qu'ils critiquent un truc que tout de monde aimerait voir: le contrôle populaire des médias privés.

Imaginez que l'on puisse décider du sort de TF1... Mais malheureusement le niveau de conscience du peuple français n'est pas celui des vénézueliens...
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Reporters sans frontières s’inquiète de la menace de non-renouvellement de licence qui pèse sur le groupe audiovisuel privé Radio Caracas Televisión (RCTV). A l’issue de l’élection présidentielle du 3 décembre 2006, le ministre de la Communication et de l’Information, William Lara, a annoncé que l’avenir de la chaîne serait soumis à une consultation populaire.

“Si le critère retenu pour révoquer la licence de RCTV tient au fait que la chaîne se situe dans l’opposition, alors il s’agit clairement d’une atteinte au pluralisme éditorial. Le président Hugo Chávez ayant été largement réélu, nous comprenons mal le sens et surtout l’opportunité d’une telle initiative. Par ailleurs, un média n’a pas vocation à gouverner un pays et c’est pourquoi son avenir ne peut dépendre d’un référendum. En quoi le développement des médias communautaires, encouragé par le gouvernement, devrait-il aller contre l’existence de médias commerciaux ? Nous demandons au gouvernement vénézuélien de revoir sa position”, a déclaré Reporters sans frontières.

Le 11 décembre 2006, huit jours après la réélection du président Hugo Chávez, le ministre de la Communication et de l’Information, William Lara, a annoncé que la licence d’émission du groupe auodiovisuel RCTV serait soumise à une consultation populaire. Le ministre a ainsi repris partiellement une suggestion formulée par le président Hugo Chávez durant la campagne électorale, de soumettre à référendum le renouvellement des concessions de quatre grands médias privés nationaux : Globovisión, Venevisión, RCTV et Televen. Ces quatre médias, clairement situés dans l’opposition au gouvernement, n’avaient pas caché leur soutien au coup d’Etat du 11 avril 2002. Créé en 1953, le groupe RCTV est le plus ancien canal commercial du pays.

William Lara a annoncé son inititative à l’issue d’une réunion avec des représentants de médias communautaires, assurant que ces derniers avaient sollicité une consultation sur l’avenir de RCTV. Deux semaines plus tôt, le gouverneur de l’Etat de Miranda (Nord), Diosdado Cabello, avait indiqué que 2 000 médias indépendants étaient intéressés par un partage de la fréquence actuellement attribuée à RCTV. Au moment du scrutin, le député Carlos Escarrá, chef de file de la majorité parlementaire et chargé de la réforme constitutionnelle touchant à la propriété privée, avait suggéré que la fréquence de RCTV soit dévolue à des organismes de type coopératif.

Actuellement, selon la loi vénézuélienne, les infrastructures, l’équipement et le siège d’un média audiovisuel relèvent du domaine privé. Les fréquences d’émission appartiennent à l’Etat qui les attribue.

Lettre du Venezuela

Chère Danielle,

Tu sais que Louis et moi nous trouvons actuellement dans un des innombrables Macondos du continent, un village au sud de l`Orénoque appelé Guri et situé dans la Guyane venezuelienne.
Nous avons comme tu l`imagines eu le formidable privilege de prendre part a l`allegresse du peuple venezuelien réélisant son président et administrant ainsi un formidable camouflet a l`Empire nord-americain.

Toute la campagne avait ete faite sur ce theme : notre concurrent, ce n`est pas le candidat de lòpposition, c`est Bush et l`Empire.Paradoxalement cette "revolution bolivarienne" survient dans le pays qui a peut-etre ete le plus colonise de toute l`Amerique latine : non seulement les yanquis consideraient jusqu`en 1999 que les richesses du Venezuela leur appartenaient (et n`ont pas encore accepte qu`elles leur echappent), mais la population avait pour modele culturel les USA plus que partout ailleurs en Amerique latine.

Les habitudes de consommation et les modeles culturels, vehiculés en particuier mais pas exclusivement par les medias aux mains de l`opposition, sont encore completement nord-americains. Cela fait que le processus actuel est en bonne partie un processus de decolonisation, dans tous les sens du terme.Ce que nous avons decouvert (a nos depends) c`est que l`epaisseur de la "burocratie" et du clientelisme herités de l`epoque anterieure est insondable. Que la "democratie participative" est un bel objectif mais n`existe dans les faits que dans des secteurs tres reduits. Bref : le changement reste a faire, ce qui n`a rien d`etonnant car il y faut beaucoup plus de temps que celui qui s`est ecoule depuis la premiere election de Chavez. Lui est sans conteste un leader genial, grand "maestro" qui fait en permanence de la pédagogie, qui connait son peuple mieux que personne (voir l`importance qu`il donne dans ses discours a Jesus, seul moyen de faire entendre le message du socialisme a un peuple empreint d`une foi chretienne forte autant que sommaire) et qui a une formidable intuition de ce qui peut etre fait a chaque moment de ce parcours de transformation.

Les Venezueliens avec lesquels nous avons etabli des liens depuis six mois sont unanimes, qu`ils soient vendeurs d`arepas (las galettes de mais, base de l`alimentation) dans la rue, coopérativistes, activistes des Missions, artistes ou employés dans des structures de l`Etat : si le processus ne se radicalise pas, il va perir. La population chaviste est excedée par la burocratie, par les abus des politiques (gouverneurs, maires, ministres parfois), elle ne fait confiance qu`a Chavez et se mefie (avec raison) de TOUS les autres.

La radicalisation qu`elle appelle de ses voeux ne tient pas tant a l`organisation de l`economie (nationaliser de nouveaux secteurs) qu`a nettoyer l`appareil d`Etat et les appareils politiques de tous les opportunistes qui l`occupent. C`est le projet de Chavez avec le parti unifie qu`il lance maintenant. Reste a savoir s`il y parviendra....c`est un defi, mais c`est indispensable.

La force du Venezuela réside aujourd`hui, plus que dans des facteurs internes, dans la capacite de l`ensemble de l`Amerique latine a s`unifier et a tenir tete a l`Empire. La aussi Chavez joue tres finement et les circonstances favorisent le changement : réelection de Lula, election de Correa en Equateur. Faiblesse des soutiens aux USA, en particulier au Mexique avec un président élu frauduleusement et une situation sociale potentiellement explosive.

Je m`en tiens la pour aujourd`hui, je voulais seulement t´envoyer un message d`amitié, et peut-etre aussi te faire comprendre pourquoi nous ne donnons pas plus de nouvelles : la réalité du venezuela est d`une telle complexité que nous en sommes au moment oú nous accumulons des informations et des analyses et serions bien en peine pour l ìnstant d`en faire une synthése : cela viendra !

A lo mejor vamos a perecer aqui, pero por lo menos fieles a Marti "Con los pobres de la tierra, quisimos nuestra suerte hechar"Abrazo, donne de tes nouvelles !

De : danielle bleitrach
Source: bellaciao

Une politique écologiquement et socialement responsable est-elle possible ?

medium_images.jpgJeudi 21 décembre, Benoit Borrits, économiste, ex-dirigeant d'entreprise et membre du conseil scientifique d'Attac, nous a parlé de libre circulation des capitaux, de controle des changes. Nous avons pris l'exemple du Venezuela.

Comment mettre en place une politique résolument sociale et protectrice de l'environnement sans faire fuire les capitaux et avec eux l'activité économique et les emplois. Selon B Borrits, limiter la libre circulation des capitaux est une condition nécessaire, sans laquelle toute politique délibérée ménerait au chaos ou serait contrainte de revoir ses ambitions à la baisse (c'est à dire à des ajustements à la marge, cas de la France en 82-83). Cela peut être fait par la taxation des transactions, ou bien par le controle des changes.

Mais le controle des changes, ça nous fait peur ! Serait-ce synonyme d'isolement, de privation, de renoncement aux libertés individuelles ? Bien sûr que non, cela consiste simplement à ne pas laisser les marchés financiers décider des politiques publiques...

Pourquoi le Venezuela a t'il mis en place une telle politique ? Cela a limité la fuite des capitaux et fait en sorte que la politique soit décidée par les représentants du peuple et non par les élites indutrielles et financières. Après quelques années difficiles, le pays fait 9% de croissance (la plus forte du continent) et affiche une vitalité économique nouvelle.

Comme quoi controle des changes, cela ne veut pas dire "sovietisation" ! La preuve c'est Keynes lui-même qui proposait une chambre de compensation internationale, idée qui n'a jamais été suivie et que Benoit Borrits souhaite réhabiliter. C'est "amusant" de voir comment une mesure proposée par un économiste libéral à l'époque fait office de mesure sovietico-archaïque aujourd'hui ! Des préjugés à combattre ...

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2eme partie
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3eme partie

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4eme partie

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Le réalisme économique du Venezuela

Les cordons bleus de Gramoven

Le nouveau mouvement coopératif vénézuélien

par Camila Piñeiro Harnecker

Je suis arrivée à Caracas en juillet 2005 avec quelques contacts dans différentes coopératives, inquiète de savoir comment j’allais pouvoir passer en revue une par une plus de 70 000 coopératives auxquelles la Superintendencia Nacional de Cooperativas (l’organisme national responsable des coopératives, la SUNACOOP) avait fait allusion dans ses récents communiqués de presse. J’ai effectivement trouvé des coopératives partout.

En l’espace d’une nuit, je suis tombée par hasard sur quatre coopératives créées là où on ne s’y attend pas forcément : un groupe d’artisans à côté de mon hôtel, un groupe de guides touristiques qui s’occupe de divertir les enfants dans un parc à côté, les employés de nettoyage d’un bureau où je suis allée faire une interview, et même les chauffeurs de taxi devant l’hôtel où j’étais qui avaient quitté la société privée pour laquelle ils travaillaient pour former une coopérative.


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Bonnes fêtes



Que vencen todas nuestras luchas...


Quien dijo que todo esta perdido ?

APRÈS LE BRÉSIL, LE NICARAGUA ET LE VENEZUELA


En Equateur, une victoire à consolider
Par Maurice Lemoine

Ce n'est pas du Venezuela qu'a surgi la surprise en cette fin d'année 2006. Même la presse internationale, qui ne lui manifeste aucune sympathie, avait prévu la réélection du président Hugo Chávez. Appuyé sur un ensemble de programmes sociaux, c'est avec un score sans appel (62,89 % des voix) qu'il a remporté l'élection du 4 décembre. Mais qui aurait parié sur la victoire du candidat de gauche Rafael Correa en Equateur ? Qui même le connaissait ?

Raphael Correa au cours de
sa visite du nucleo Fabricio Ojeda
au Venezuela



Equateur, terre de volcans, dans tous les sens du mot. C'est en juin 1990 qu'un puissant courant indigène y est entré en éruption, à l'occasion de manifestations sans précédent de la Confédération des nationalités indigènes d'Equateur (Conaie). Ce mouvement demeurera la seule force sociale ayant une réelle capacité de mobilisation dans ce pays qui, au long d'une décennie d'instabilité, va voir se succéder huit chefs de l'Etat.

Ainsi, Le 21 janvier 2000, le mécontentement populaire et une mobilisation indigène appuyée par un groupe d'officiers - parmi lesquels un certain colonel Lucio Gutiérrez - font tomber le président Jamil Mahuad. Pour résoudre une banqueroute financière de 7 milliards de dollars et sauver les établissements financiers, celui-ci a purement et simplement gelé les dépôts bancaires des épargnants . L'espace d'un instant, un gouvernement populaire se profile. Le 22 janvier, le haut commandement militaire s'interpose et remet le pouvoir au vice-président Gustavo Noboa. Qui remplace la monnaie nationale, le sucre, par le dollar, en guise de remerciements .
Malgré son dénouement, le soulèvement de 2000 a renforcé le poids des indigènes et du parti politique qu'ils ont créé - Pachakutik - avec certains secteurs métis. Dans la perspective de l'élection présidentielle du 22 octobre 2002, se prétendant « nationaliste, progressiste, humaniste, révolutionnaire », le colonel Gutiérrez parle de la nécessité de « forger une seconde indépendance ». Pachakutik abandonne la perspective d'un candidat indien et se rallie à l'ex-militaire. Qui gagne au second tour, le 25 novembre. Inclue des indigènes dans son gouvernement . Puis trahit tout son monde : accord avec le Fonds monétaire international (FMI), programme d'ajustement structurel, alignement sur Washington et Bogotá, pacte avec la droite dure - le Parti social chrétien (PSC).

Moins soucieux de défendre un projet politique que de passer les accords nécessaires à l'occupation de postes au sein du pouvoir, Pachakutik n'a pas fait pression pour empêcher la nomination de ministres ouvertement néolibéraux. Ses dirigeants se coupent de leurs bases, qui les qualifient de « ponchos dorés ». Dès cette époque, l'économiste Rafael Correa s'inquiète : « Sur le plan économique », cette participation « légitime la honteuse signature de la lettre d'intention avec le FMI ». Alors que M. Gutiérrez neutralise le mouvement indigène par la cooptation, la division et la répression, il faut attendre juillet 2003 pour que celui-ci prenne ses distances en retirant ses militants du gouvernement. Les accords signés avec le FMI et la banque mondiale conduisent notamment à l'arrêt des subventions au gaz à usage domestique et à la privatisation des entreprises nationales d'électricité et de télécommunications. En attendant le secteur pétrolier.

En Amérique latine, pourtant, des impondérables réduisent souvent à néant les intentions des décideurs. Le 20 avril 2005, M. Gutiérrez est à son tour renversé par la rue. La participation des jeunes aux manifestations se révèle impressionnante. « Dans les années 1970, explique Mme Wilma Salgado, de l'université andine Simón Bolivar Toledo, l'exploitation pétrolière a créé des sources de travail. Ma génération a profité de l'ascenseur social, mes parents étaient beaucoup plus pauvres que moi. Mes enfants ne peuvent avoir le même espoir. On a investi dans leur éducation, ils arrivent sur le marché de l'emploi, il n'y a plus rien ! » Des images importunes dansent sous les paupières de l'universitaire. « Nous vivons une crise profonde, la dollarisation n'a pas fonctionné comme ses promoteurs l'avaient imaginé. Elle a fait augmenter les coûts de production locaux, désormais plus élevés que ceux des pays voisins. Nos entreprises ont été liquidées. Et, plus qu'ailleurs, dans l'agriculture. Nous consommons des pommes de terre américaine, des pastèques colombiennes et péruviennes, des... » Ayant créé un segment de forte consommation, l'économie se concentre sur la sphère liée à l'importation et, en faible proportion, sur le secteur exportateur, mais sans capacité d'activer l'appareil productif et l'emploi. «Si vous voulez un crédit pour acheter une auto, se plaint un paysan, vous l'avez en quarante-huit heures. Si vous en demandez un pour semer trois hectares de pommes de terre, vous ne l'obtenez pas. » Exit donc l'ancien colonel Gutiérrez. Toutefois, estime le sociologue Werner Vásquez, « cette insurrection des forajidos a plus été un regroupement de certains secteurs des classes moyennes considérant que le président se comportait de manière immorale qu'un véritable mouvement social. Au bout d'un mois et demi, il s'est dilué sans propositions politiques. » Selon un schéma désormais bien rôdé, le vice-président Alfredo Palacios hérite du pouvoir. Il offre le ministère de l'économie à M. Correa.

Issu de la classe moyenne, éduqué dans des collèges catholiques, M. Correa a poursuivi ses études supérieures à l'université de Louvains (Belgique) et de l'Illinois (Etats-Unis) après avoir passé une année militante dans une communauté indigène de la province de Cotopaxi. Se réclamant d'une gauche « humaniste et chrétienne », il négocie avec le président Chávez la vente de 500 millions de dollars de bons de la dette extérieure et l'éventuel raffinage au Venezuela du pétrole équatorien. A son initiative, le gouvernement décide de revoir l'utilisation des ressources pétrolières. Au lieu de servir au remboursement de la dette - 40 % du budget national -, une partie d'entre elles sera destinée aux dépenses sociales.

Du côté de Washington, quelques visages prennent la couleur du plomb. S'il y a quelque chose qui fait du tort aux pauvres, c'est bien que d'autres pauvres ne veuillent pas payer leurs dettes, n'est-ce pas ? M. Correa raconte l'épisode : « J'ai essayé de changer radicalement la politique économique parce que les vingt dernières années de néolibéralisme ont été un véritable désastre. Pour défendre leurs privilèges, la banque, les maîtres du pétrole, les Etats-Unis, le FMI, la Banque mondiale, la Banque interaméricaine de développement ont fait pression sur le président, et j'ai perdu sa confiance, son appui. » Plutôt que de se renier, M. Correa démissionne.

Les mains libres, M. Palacios purge l'aile « nationaliste- forajida » de son gouvernement, passe un pacte avec le patronat, joue la réconciliation avec Bogotá , normalise les relations avec les organismes financiers multilatéraux et négocie un traité de libre commerce (TLC) avec les Etats-Unis. En mars 2006, routes bloquées, arbres abattus, pneus qui brûlent provoquent la décision d'imposer l'état d'urgence dans onze provinces (sur vingt-deux) paralysées par les multiples manifestations indigènes qui, au cri de « Nous ne voulons pas être une colonie américaine », s'opposent au TLC.

Déjà, le 15 mai 2005, pour réduire la pression, le président intérimaire n'a eu d'autre remède qu'expulser la multinationale américaine Occidental Petroleum (Oxy) et confisquer ses actifs (780 millions d'euros) pour non respect du contrat la liant au gouvernement. La mesure provoque la suspension par Washington des négociations sur le TLC, mais, dans la perspective de l'élection présidentielle du 15 octobre 2006, elle coupe l'herbe sous le pied du mouvement social, et particulièrement indigène, dont l'expulsion d'Oxy constituait l'une des principales revendications.

Face à la droite dure et à la gauche passablement frelatée des partis traditionnels, surgit Alliance Pays, un amalgame de différentes tendances progressistes nouvellement créé par M. Correa. Son discours, nationaliste, reflète sur de nombreux points ce qui se passe au Venezuela.
Pour l'emporter, M. Correa a besoin du soutien du mouvement indigène. Il se heurte à un refus poli. Echaudés par la terrible erreur qu'a constitué l'alliance avec M. Guttérrez, qui les a divisés et affaiblis, les indiens, doutant des métis, se repliant sur eux-mêmes, ne veulent plus « d'homme politique de location » : « Ce sera notre candidat ou aucun. » Pachakutik écarte la proposition de M. Correa de réaliser une enquête dans diverses provinces pour définir l'ordre d'un possible binôme - président, vice-président - avec M. Luis Macas, fondateur de la Conaie. Après une forte présence dans les années 1990, ce dernier s'est fait plus discret avant de resurgir lorsque M. Gutiérrez l'a nommé ministre de l'agriculture. Décidant de se lancer sur le terrain politico-électoral, il n'envisage que la candidature à la fonction de chef d'Etat. Conseiller politique de M. Correa, M. Ricardo Patino soupire : « Rafael a dit qu'il se sentirait très honoré d'être le candidat à la vice-présidence d'un compañero représentant le mouvement indigène, à condition que ce soit une option ayant un maximum de chances. » On ne sait pas combien le pays compte d'indiens. Pour la droite, ils seraient 10 % ; pour la gauche, 25 % ; pour l'Unesco, il y a quelques années, 45 %. Malgré leur rôle dans le succès des luttes contre le TLC et la Oxy, il apparaît improbable qu'un de leurs leaders puisse être reconnu par l'ensemble de la société comme son représentant. De notoriété publique, un ticket « Macas - Correa » n'a aucune chance de l'emporter. La formule « Correa - Macas », oui. Pachakutik se déchire. « On considère Luis Macas comme un dirigeant social, précise M. Delfín Tenesaca, président du Mouvement indigène du Chimborazo (MICH), pas comme un leader politique, donc ça entraîne des discussions. » Le 23 juin, durant le Conseil politique de Pachakutik, treize coordinations provinciales se rallient à M. Correa. Les autres appuient la candidature de M. Macas.

Une atomisation totale. Même les militants métis des mouvements sociaux doutent de M. Correa. « D'où vient-il ? D'une classe sociale haute. Il n'a aucun contact avec les bases. » On lui reproche d'avoir été doyen de la faculté d'économie de l'université privée San Francisco - la plus chère de Quito. Pour ajouter à la confusion, depuis Caracas, M. Chávez exprime implicitement sa sympathie pour « son ami » Correa. De passage en Equateur, le président bolivien Evo Morales encourage « son frère indigène » Luis Macas. Dont le discours, au demeurant, ne diffère guère de celui de M. Correa : exigence d'une réforme agraire et d'une Assemblée constituante, rejet du plan Colombie et de l'impérialisme, solidarité avec le Venezuela, la Bolivie et Cuba, refus des TLC, appui au Forum social mondial... « Notre mouvement, explique-t-il, s'est rendu compte qu'il faut élaborer un agenda global. Si on ne s'occupe que des indigènes, on court le risque d'être dans l'enfermement absolu. Cela ne résoudra ni les problèmes indigènes ni les problèmes nationaux. »

Campagne sale du candidat du Parti rénovateur institutionnel action nationale (Prian), M. Alvaro Noboa, magnat de la banane, homme le plus riche du pays : instrument de Chávez et des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), M. Correa « n'obtiendra jamais que le peuple vote en faveur du communisme, du terrorisme, de Cuba... » Division, dispersion des votes... Le 15 octobre, peut-être grâce à une fraude, M. Noboa remporte le premier tour devant M. Correa. Pachakutik et M. Macas s'effondrent : l'Equateur n'est pas la Bolivie. Les autres partis font de la figuration.

Fin de la récréation. A ce moment, il paraît clair à tous qu'il existe dans le pays un consensus sur le fait que le système politique doit changer. Un ample mouvement citoyen se rallie à M. Correa au second tour - Pachakutik, Mouvement populaire démocratique (MPD), Parti socialiste (PS), Gauche démocratique (ID) et 200 organisations sociales, dont la Conaie. Le 26 novembre, le candidat de gauche l'emporte avec 56,67 % des voix.

Durant l'administration de M. Palacios, une réforme de la loi des hydrocarbures a permis à l'Etat de percevoir davantage d'impôts des multinationales pétrolières. Pour M. Correa, ce n'est pas suffisant. « Nous ne pouvons pas permettre que, sur cinq barils produits, les multinationales en emportent quatre et nous en laissent un. Nous allons revoir la participation de l'Etat dans ces contrats. » Comme l'ont fait Caracas et La Paz. Opposé au TLC, M. Correa refuse d'impliquer l'Equateur dans le plan Colombie et de considérer les FARC comme un mouvement «terroriste». Sans force parlementaire pour soutenir son action - son parti n'a présenté aucun candidat à la députation -, il compte en appeler directement à l'électorat pour « refonder la République », à travers une Assemblée Constituante, dans six ou sept mois.

« Nous ne sommes ni " chavistes ", ni " bachelettistes ", ni " kirchnéristes " , déclarait-il en juin 2006. Mais nous sommes partie prenante du socialisme du XXIe siècle, qui cherche la justice sociale, la souveraineté nationale, la défense des ressources naturelles et une intégration régionale reposant sur une logique de coordination, de coopération, de complémentarité. » Un projet qui ressemble fort à celui de l'Alternative bolivarienne pour les Amériques (ALBA), chère aux présidents Chávez, Morales et Castro...

source: Le Monde diplomatique

Incroyable article !!!

Pas besoin de faire de commentaires ... le Monde est définitivement un journal de merde.

Vous avez aimé Castro ? Vous adorerez Chavez, par Dominique Dhombre

Un Oeil sur le Venezuela

Peut être avez vous loupé le reportage de France 2 du lundi 18 décembre 2006. Il est encore visible sur le site de France 2.

L'émission "Chavez: Viva la revolucion !", en quatre reportages, est relativement bonne par rapport à tout ce qui tourne sur les médias traditionnels.
Bon, on voit bien une différence de ligne éditoriale selon les auteurs des reportages. Le pire est malheureusement celui sur la révolution bolivarienne, le deuxième.
On y apprend que les médecins cubains n'ont pas le droit d'aller à la plage !!! C'est totalement absurde.

Mais, plus politique, concernant les coopératives on apprends que créer des emplois c'est du populisme... Qu'est ce qu'on aimerait un gouvernement populiste en France !

La plus grosse critique qu'on peut faire à ce deuxième reportage et le traitement de la réforme agraire et de présenter un grand propriétaire comme une victime d'invasion sans indemnisation (ce qui est totalement faux, les plus radicaux critiquent justement le gouvernement parce qu'il indemnise les propriétaires...).
Enfin, s'apitoyer sur un assassinat de latifundiaire parait un peu déplacé alors que les assassinats de paysans (notamment à la frontière colombienne) par des paramilitaires payés par les propriétaires est une véritable catastrophe humanitaire (184 morts seulement depuis le début de l'année).

Sinon, l'interview de Melenchon est très bonne et rappelle que Chavez est REVOCABLE (article 72 de la constitution), ce qui en fait un très mauvais apprenti dictateur... principale critique transversale à tous les reportages.

Il faut toujours se coucher tard pour avoir des bonnes infos... et les deux derniers reportages sont très interessants, on y voit enfin le programme humanitaire vénézuelien via CITGO dans les quartiers aux Etats Unis... TELESUR... Et l'organisation de l'opposition à Miami avec des perles de Rumsfeld et Condelezza Rice, à voir absolument...

Bon, on ne voit pas l'organisation des communautés dans les quartiers et les entreprises en Cogestion mais on en attendait vraiment moins de France 2.


Interview de Luis Primo, dirigeant syndical UNT

Désolé pour les non-hispano-caribophones mais ce document est une des rares interviews vidéo de dirigeant de l'UNT (Union Nationale des Travailleurs, centrale syndicale)
Bon streaming...

Photos de la semaine sur le Venezuela 2006

Photos Venezuela 2005


Déjà un an et demi depuis notre premier voyage dentro de la revolucion. Voilà enfin les photos du premier voyage:

France culture n’aime pas la révolution bolivarienne

Voir le site de l'émission en cause: El Sur

"Véritable exception culturelle dans le paysage audiovisuel, France Culture avait réussi, non sans peine, à préserver jusqu’à aujourd’hui sa spécificité. Depuis la nomination de Jean-Marie Cavada à Radio France et de Laure Adler à France Culture, on assiste à la banalisation d’une station de radio qui était unique en son genre. La nouvelle grille des programmes, qui est d’ores et déjà en vigueur, est en train non seulement de détruire le potentiel de production qui s’était lentement construit autour de cette station mais aussi de décevoir le public d’auditeurs. "

Ce sont les premiers mots du manifeste pour la défense de France Culture
L’auditeur de cette radio publique française est traditionnellement cultivé et exigeant. Depuis quelques années, le virage pris par France Culture en a irrité nombre d’entre eux au point de créer un site pour la défense de France Culture. De nombreux contentieux entre auditeurs et la direction incarnée à l’époque par Jean–Marie Cavada, Président de Radio france et la directrice des programmes Laure Adler s’y manifestent. Le célèbre psychanalyste argentin Miguel Benasayag a essuyé des règlements de comptes politiques qui lui ont valu son départ forcé de l’antenne. Par contre le sémillant Alexandre Adler tient une chronique matinale dans laquelle il ne se prive pas de stigmatiser ses têtes de turc habituelles. Et c’est là que le bât blesse, car Adler a la fâcheuse habitude de s’en prendre au Président du Venezuela et sans nuances, il y pratique même l’insulte puisqu’il est allé jusqu’à le traiter de gorille. « Le 3 mars 2005, chroniqueur téléphonique à France Culture, Alexandre Adler, après avoir, quelques mois plus tôt, présenté Hugo Chávez comme un « Gorille bolivarien » »

Au tout début, en 2002 la révolution bolivarienne naissante au Venezuela n’était pas encore connue du grand public ni même de la gauche antilibérale et il fallait répondre à chacune des attaques des médias français ; seuls les noms des premiers défenseurs du processus bolivarien apparaissaient sur de site de FRANCE CULTURE. Aujourd’hui, plus exactement le mercredi 6 décembre 2006 j’ai pu constater qu’il en va tout autrement. Lors de l’émission travaux publics consacrée à l’Amérique latine il y avait un invité vénézuélien. Un ancien diplomate de l’ambassade du Venezuela en France limogé par l’actuel président (l’un des rares diplomates limogés, car Hugo Chávez ne pratique pas assez la reprise en main de ses ambassades et c’est bien souvent à du personnel antichaviste auquel on a affaire quand l’on s’y rend) . Ce n’est qu’après le coup d’état contre H. Chávez que l’ancien ambassadeur été remplacé par l’actuel Jesús Perez .

Bien pauvres auditeurs ; nous étions encore tout à notre joie de la récente (le 3 décembre ) réelection de H. Chávez par 62,89 % des voix au premier tour avec une participation record de 74% quand Jean Lebrun nous inflige une heure de mensonges éhontés puisque les invités vont jusqu’à nier le fait qu’il y ait eu un coup d’état contre le président en avril 2002. Mais là où ça a changé c’est que les auditeurs ont réagit et ce ne sont pas les défenseurs habituels, mais des auditeurs tout à fait inconnus à part deux d’entre eux issus du microcosme bolivarien. Si l’on se rend sur le site lié à cette émission l’on trouvera un ensemble de propos auxquels je souscris pleinement par exemple

M. Zambrano dit :
.« La présentation faite de la situation n'était pas du tout impartiale. Les deux invités étaient anti-chavistes. Toujours le même ex-ambassadeur, Nelson Castellano-Hernandez. Je me souviens l'avoir entendu sur votre antenne déjà lors des précédentes élections dénoncer des fraudes massives, alors même que les observateurs internationaux (notamment l'ancien pdt Carter) ont salué l'absolue régularité du scrutin. Cette fois là encore il avait été le seul point de vue à s'exprimer.... Je trouve qu'il est assez ridicule pour un diplomate de se plaindre d'avoir été déchargé de ses fonctions, alors que c'est un poste politique et qu'il n'a visiblement pas les mêmes orientations que le nouveau gouvernement.. On rirait au nez d'un diplomate français dans la même situation, c'est assez maigre comme martyr.. Pourquoi ne pas faire enfin une vraie émission où on parle du Venezuela tel qu'il est en ce moment et pas seulement des fantasmes paranoïaques des quartiers riches de Caracas... il est de bon ton de se méfier des "populistes" ça fait chic... Il est quand même paradoxal de condamner l'action d'un homme réélu à 62% quand on pleure en permanence sur l'abstention des français. C'est drôle le vocabulaire employé, lorsque un homme politique occidental fait un petit 51% on dit qu'il est élu, lorsque un sous développé progressiste fait un franc 62% alors même que les quatre principales chaînes de télé privées du pays critiquent toutes ses actions c'est un plébiscite.. comme si les élections étaient plus ou moins bonnes selon qui les gagne... »

Julien renchérit : « Et bien, chère France Culture, plutôt que de "contre-balancer un paysage mediatique trop chaviste" comme il vous a semblé le voir en France avant les élections vénézuéliennes du 3 décembre (!!!!), vous auriez interêt a soigner votre casting et ne pas verser dans la hargne gratuite de pseudo spécialistes qui cultivent un entre-soi jaloux. Faites venir des gens sérieux qui s'y connaissent, tout simplement. Le traitement de la "Question Venezuela" politisée et étiquettée "gauche indésirable" devient affligeant. Vous perdez du crédit. »

Deux des huit témoignages qui se trouvent sur le site de Travaux Publics et tous relèvent la même partialité de l’émission. Les mêmes propos mensongers et partisans ; la même défiance de l’auditeur qui commence à être informé par ailleurs.

Alors que se passe-t-il donc à France Culture qui fait que, dégoûtés certains d’entre nous parmi plus fidèles s’en détournent? Pourquoi servir la ligne politique du département d’Etat étasunien et vouloir préparer en France une matrice d’opinion contre H. Chávez.
On connaît bien les liens étroits de Reporters sans Frontières avec la NED aux USA RSF, et les mouvements anticastristes de Miami et RSF ; raison pour laquelle ils attaquent le Venezuela chaque fois qu'ils en ont l'occasion. Nos principaux médias de la presse écrite suivent tous cette ligne, Libération et le Monde sont systématiquement outranciers dans leur critique du président Chávez, sous la plume de M.Delcas (avant le coup d’état) ou M. Paraguana, après le coup d’état, pour le Monde et M.Armengaud pour Libération. Mais France Culture n’est pas en reste. La station anciennement aux mains de Laure Adler qui n’a pas changé sa ligne éditoriale nouvelle direction ; est-elle aussi infiltrée par les mêmes groupes de pressions ou par des think tanks étasusiens ?

Je laisse cette question ouverte, tant il est vrai que nos médias en France méritent de sérieuses investigations car la désinformation y règne en maître. Comme antidote, je vous conseille de visiter en autres, le site acrimed et PLPL qui sont de nouvelles formes de résistance à la manipulation des esprits, même des personnes qui sont l’élite intelectuelle de notre pays et qui s’en croiraient le plus à l’abri.

Yannick-Hélène de la Fuente Cercle Bolivarien de Montpellier.

Projet Lucha adentro en Video



Eté 2005, première édition du Projet Lucha adentro (souvenir...)
Avant de partir les brigadistes ont expliqué leur objectif pour leur voyage au Venezuela au coeur du processus revolutionnaire en cours.

ET SI CHAVEZ RÉUSSISSAIT ?






Hugo Chávez sera-t-il pour la troisième fois président en 2007 ? Pour comprendre les ressorts de sa politique ... Tout » inspirée de la révolution bolivarienne, Maryse Mano a enquêté auprès d'une population favorable au leader vénézuélien, celle des bidonvilles.

Depuis sept ans, le système Chávez a affronté le patronat, résisté au Fonds monétaire international (FMI), nationalisé l'industrie, revu les contrats avec les entreprises pétrolières étrangères, noué des alliances avec Cuba, modifié la Constitution, entrepris une réforme agraire, et finalement porté le Venezuela sur le devant de la scène internationale.

Le président vénézuélien irrite les pays du Nord, et particulièrement les Etats- Unis. Mais dans les bidonvilles de Caracas, sa cote de popularité atteint des sommets. Dans un pays où 70 % de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté, les programmes sociaux ont eu un impact retentissant auprès du peuple, qui s'est impliqué dans leur mise en place.

La réalisatrice Maryse Mano est partie à leur rencontre. Désormais, les habitants des bidonvilles peuvent prétendre à l'obtention d'un titre de propriété : un rêve inespéré pour des milliers d'occupants illégaux de terrains pourtant soumis aux glissements et inondations.

Dans les écoles bolivariennes, les enfants reçoivent un enseignement éclectique renforçant le sentiment national. Le soir, des milliers d'adultes analphabètes prennent le relais pour apprendre à lire. Tandis que des unités mobiles délivrent leur première carte d'identité aux Vénézuéliens qui en font la demande, des centres médicaux prodiguent des soins gratuits aux habitants des bidonvilles.

Vingt mille médecins cubains ont été affectés à ce service dans le cadre d'un programme de troc, mis en place par le gouvernement Chávez avec les pays d'Amérique latine : pétrole contre services en nature.

Car là bien sûr réside la force du pouvoir : des ressources pétrolières gigantesques qui assurent une manne financière à l'Etat mais suscitent toutes les convoitises...

Anne-Laure Fournier

Durée : 51' Auteure et réalisatrice : Maryse Mano Année : 2006

La Révolution ne sera pas Télévisée



Chavez (MVR) est élu en 1998 dès le premier tour avec 57 % des voix, en 2000 avec 59,5% des voix (et en 2006 avec 63 % voix toujours dès le premier tour) Le 12 avril 2002, un coup d'État est organisé contre le Parlement élu et la coalition au pouvoir(MVR,Podemos,PPT,MEP,PCV). Il est préparé par les cadres de la compagnie pétrolière du Venezuela, ainsi que par des dirigeants militaires, avec la complicité des propriétaires des chaînes privées de télévision et de l'ambassade des États-Unis à Caracas. Une manifestation de l'opposition organisée et fomentée par les médias privés se dirige vers le palais présidentiel de Miraflores. Au niveau du pont "Llaguno", de mystérieux snipers postés sur les édifices alentours ouvrent le feu sur la foule, faisant 15 morts tant du coté de l'opposition que du coté des partisans de Chavez. Dans la soirée, un groupe de militaires demande à Hugo Chávez de démissionner, mais il refuse. Cependant Chavez accepte de quitter Miraflores suite à un ultimatum du commandement militaire putchiste menaçant de faire exploser le batiment avec tout le personnel à l'intérieur. Hugo Chávez est arrêté et emmené dans un lieu secret et un nouveau gouvernement autoproclamé est mis en place. Pedro Carmona, président de la chambre de commerce du Venezuela, en prend la tête. Il a été reçu, quelques temps auparavant, à la Maison Blanche et par le Premier ministre espagnol, José Maria Aznar. Quelques États, notamment les États-Unis et l'Espagne, reconnaissent le nouveau régime, en poussant leur ambassadeur respectif à se rendre auprès de Pedro Carmona. Le lendemain, malgré un 'black out' médiatique établi par les putschistes en place, a lieu une manifestation massive de la population de Caracas. La junte militaire en place y répond par une répression policière féroce faisant 60 morts et plus de 300 blessés. Malgré tout Carmona est renversé par la puissance du mouvement populaire, et le vice-président Diosdado Cabello assume l'intérim de la présidence, jusqu'à ce qu'Hugo Chávez soit localisé, puis libéré. Ces événements sont filmés par des journalistes d'une chaîne irlandaise Radio Telifís Éireann, qui étaient sur place pour tourner un reportage sur le programme d'Hugo Chávez.

Après l'élection triomphale de Chavez...

Tsunami rouge pré-électoral !!!

Hugo Chavez a été réélu dimanche 3 décembre avec 62.89% des voix (après le décompte final) à la tête du processus révolutionnaire vénézuelien. Pour la première fois il est en tête dans tous les états du Venezuela y compris dans le bastion de l'opposition et de son principal adversaire: l'Etat pétrolier de Zulia.

Cette réélection est le signe d'une immense mobilisation populaire qui a su déjouer les tentatives désespérés de l'opposition soutenue par Washington. Elle met le gouvernement dans une position idéale pour approfondir le processus.

Au placard ! les tee-shirts, les drapeaux flanqués du mot FRAUDE préparés pour manifester et « occuper la rue » selon les mots d'ordre préélectoraux de l'opposition en cas de victoire de Chavez. Il a en effet été impossible de la part de Manuel Rosales (principal opposant avec 38% des voix) de contester l'élection de Chavez tant l'écart (3000000 de voix) et les garanties techniques offertes par le Conseil National Électoral1 fermaient toute possibilité même aux plus hargneux des « escualidos »2
Tristesse aussi pour les quelques vénézueliens ayant cru à la carte de crédit « mi-negra » distribuée par Rosales qui, une fois activée, aurait permis de retirer 270 à 400 euros par mois !!! Cette mesure d'un populisme exagéré aurait pu marqué des points, mais c'est une nouvelle preuve de leur méconnaissance du peuple vénézuelien. Le niveau de conscience politique s'est énormément élevé au Vénézuela et un peuple conscient est difficilement corruptible, la pratique du gouvernement bolivarien y est pour beaucoup: la démocratie participative qu'il propose est basée sur le financement des projets communautaires et sociaux écrits et pensés par les familles elles même, recevant l'argent elles même mais à la seule condition d'être et de rester organisé, c'est ainsi que les missions d'éducation de santé et d'alimentation mais aussi les missions nouvelles comme « madre de barrios »3 ou « identidad »4 connaissent un succès immense (fin de l'analphabétisme, de la malnutrition, accès aux droits fondamentaux à des millions de personnes) et améliore la vie quotidienne des vénézueliens. La mobilisation sociale est acceptée et même encouragée dans le jeu institutionnel tout évènement est accompagné de manifestations, de la création d'une coopérative à l'application d'une mission, la population manifeste toujours en masse ses exigences dans les négociations avec le gouvernement. Le recueil de pétition à valeur constitutionnelle notamment dans la possibilité de révoquer tous les mandats électoraux à mi mandat. Toutes ces transformations de la société vénézuelienne rendent plus difficiles les discours politiciens et gène dans sa propagande l'opposition et son principal porte voix: les grands médias privés dont l'emprise sur la population est très très altérée malgré leur omniprésence.

Perspectives d'un troisième mandat Chavez.

Il était important pour la population vénézuelienne que Chavez soit plébiscité en tant que leader du processus mais, ceci étant fait, il reste de grandes tâches à accomplir et aussi des obstacles importants à surmonter.
Dès sa réélection, Chavez a annoncé que ce mandat serait celui de la construction du socialisme. Mais le gouvernement risque d'être rapidement à cours de possibilités pour renouveler sa politique, et ce pour des raisons structurelles. On sait que le processus avance sous les coups de fouet de la contre révolution et aujourd'hui la contre révolution est interne, en effet, il reste à en finir avec un fonctionnement de l'état encore très influencé par les pratiques de corruption et la bureaucratie héritée de la IV° république. Et depuis peu, on voit apparaître un courant déjà appelé par les militants: « chavisme sans le socialisme » qui se contente des avancées sociales et acquis du chavisme sans vouloir un véritable projet anticapitaliste.

Or, ce courant rentre en contradiction avec les attentes de la population qui devient de plus en plus capable au fil des luttes de construire des mouvements sociaux indépendants de l'Etat pouvant faire la révolution dans la révolution... comme le Frente Ezequiel Zamora (mouvement des paysans sans terre), l'UNT (nouvelle centrale syndicale), l'AMCLA (regroupement des medias communautaires), le Mouvement 13 avril et le Projet nuestra america (tentative d'organisation des communautés en lutte)5. Toutes ces structures sont des mouvements politiques à part entière chacun dans leur domaine avec une capacité de mobilisation croissante.

Ces mouvements seront bien sûr très attentifs et très impatients dans les mois qui viennent. Le Frente Ezequiel Zamora va jouer un rôle essentiel dans l'approfondissement de la réforme agraire condition sine qua non de l'approfondissement du processus et exige de l'Etat la protection des occupations cibles des sicarios6 des grands propriétaires. l'UNT est la seule force crédible pour lutter efficacement contre la bureaucratie et la corruption. Au Venezuela l'accumulation primitive du capital se fait dans l'extraction des principales richesses vers l'extérieur, la bourgeoisie nationale qui en profite est alimentée par les devises laissées au passage par les multinationales sous forme de taxes ou de services mais surtout sous forme de corruption. C'est pour cette raison que le Venezuela est défini comme un capitalisme dépendant, avec une bourgeoisie nationale dépendante de l'extérieur.

Pour une organisation syndicale dans ce genre d'économie, le combat n°1 est celui contre la corruption. L'UNT prend ce rôle en main et mobilise sur ce thème, le 18 juillet dernier 8000 personnes ont défilé à Caracas prenant violemment à parti certains bureaucrates qui se revendiquent de façon opportuniste du chavisme. Dans le même sens, l'UNT demande le contrôle ouvrier sur toutes les entreprises d'extraction (y compris PDVSA), des luttes sont en cours depuis quelques mois pour la nationalisation sous contrôle ouvrier (comme à SIDOR, extraction et fonte d'acier). Dans la construction du socialisme, le mouvement social tire les leçons du passé, maintenant des luttes exigent le maintien des organisations syndicales dans les coopératives7 pour ne pas reproduire les erreurs faites dans les anciennes coopératives et certaines entreprises en cogestion8 par exemple dans la lutte des « Sanitarios Maracay » qui demande l'expropriation et la mise en cogestion de leur usine fermée alors qu'ils ont repris la production et élu un comité de direction.

C'est sur ce terreau là que le gouvernement pourra semer ce fameux socialisme du XXI° siècle, ce projet doit être soutenu et critiqué par l'ensemble des mouvements sociaux internationaux. Les débats des travailleurs vénézueliens doivent être connus des travailleurs de toute l'Amérique Latine et du monde entier, c'est la meilleure solidarité que l'on peut offrir aujourd'hui au peuple vénézuelien.

Julien Terrié

Publié dans: le Piment Rouge


1Le CNE est le garant du fameux « pouvoir électoral » qui depuis la constitution bolivarienne de 1999 constitue un pouvoir à part entière séparé de l'exécutif, du législatif et du judiciaire, il y a en tout 5 pouvoirs séparés au Venezuela, Montesquieu peut se retourner dans sa tombe son modèle à du plomb dans l'aile.
2Opposants, littéralement: « maigrelets »
3 mères des quartiers qui offre un salaire et l'accès aux droit sociaux comme la retraite et l'accès aux études aux femmes au foyer !
4Mission pour l'obtention par tous de « papiers », on comptait d'innombrables « sans papiers » vénézueliens parmi la population pauvre.
5 Déjà pendant la campagne ces organisations se sont regroupés sur la plateforme « por todas nuestras luchas » pour soutenir Chavez, certes, mais en tant que leader du processus et des luttes au Venezuela.
6Tueurs à gage.
7100.000 coopératives ont été créés au Venezuela depuis 1998, mais souvent sans voir la nécessité de s'organiser syndicalement.
8Nationalisation sous contrôle ouvrier. L'entreprise Invepal est devenu un lieu de conflit d'intérêt entre la coopérative créée par les travailleurs et l'Etat, les nouvelles luttes demandent le contrôle ouvrier intégral.

Lundi 4 Décembre 2006 : Soirée électorale au Rincon Chileno

Nous nous sommes réunis au Rincon Chileno pour revenir sur l'écrasante victoire de Chavez. Nous avions prévu initialement cette date pour suivre en direct les mobilisations de l'opposition puisqu'ils avaient annoncé qu'ils contesteraient le scrutin; mais la victoire était tellement écrasante que la droite et Manuel Rosales en personne a reconnu la validité du vote. et donc sa défaite.

Nous avons diffusé le discours de Chavez au Balcon del Pueblo après l'annonce de la victoire. Ce troisième mandat sera celui de la construction du socialisme, dit-il ... Chiche !

Nous avons eu Justine Chesnoy, militante du Cercle et actuellement en stage au Venezuela, en direct de Caracas. Elle nous a confirmé que tout était calme et que malgré la pluie le pays était en fête. Elle nous a informé du sabotage, juste avant les élections, de stations services pour empêcher des villages chavistes excentrés de venir jusqu'aux urnes ... petite manoeuvre habituelle et mesquine qui n'a empêché personne de voter.

Nous avons débattu sur la définition du socialisme dont parle Chavez et ses possibilités de pouvoir le construire au Venezuela. Les 50 personnes présentes ont mangé et fait la fête comme il se doit ... Con salsita !

Dimanche 3 décembre 2006 : Film Débat « la démocratie Vénézuelienne »

Jour de l'élection présidentielle, pour illustrer ce moment nous avons diffusé à l'Utopia Toulouse le film « Venezuela, la démocratie sur la sellette » retraçant presque heure par heure la journée du 15 Aout 2004, jour de référendum révocatoire contre Chavez.

Ce film a la particularité de donner la parole à l'opposition autant qu'aux chavistes, ce qui permet de se faire une idée claire des enjeux. Il montre le processus démocratique de révocation d'un président à mi-mandat événement seulement possible dans la démocratie vénézuelienne et nulle part ailleurs dans le monde...

Quand nous avons présenté le film, il était 10h00 à Toulouse et donc 5h00 à Caracas, heure où les queues pour aller voter sont déjà pleines pour participer à ce scrutin dont les enjeux dépassent les frontières du Venezuela.

Il y avait 40 personnes dans la salle de l'utopia, pour l'heure et l'endroit inhabituel, c'est un véritable succès.
Yannick Lacoste a exposé les enjeux du scrutin présidentiel et décrit les avancées du processus illustrant son propos avec des extraits du film. Le débat a abordé le thème de l'importance du processus pour nous en France, des leçons que l'on peut en tirer alors qu'on approche nous aussi d'un scrutin présidentiel important. Il est clair que les enjeux sont vraiment différents et on se demande vraiement de plus en plus: du Venezuela et de la France quel est le pays le plus démocratique...

Jeudi 30 novembre 2006 : Vidéo débat « réforme agraire au Venezuela »

C'est cette fois à l'université du Mirail de Toulouse que nous avons programmé le débat sur la réforme agraire, l'immense amphi 8 a pu aisément accueillir la centaine de personne venue voir le film du Frente Ezequiel Zamora (organisation paysanne adhérente à Via Campesina) « loi de la terre et violence de classe au Venezuela ».

Ce film dénonce l'extrême violence des propriétaires terriens vénézueliens et il faut le dire le dysfonctionnement du gouvernement sur cette question. On voit dans ce film une interview du président d'un syndicat de grand propriétaire qui en arrive à justifier les assassinats pour la défense de la sacro-sainte « propriété privée ». On y voit aussi le ministre de l'agriculture se faire vigoureusement prendre à parti par les militants du Frente Ezequiel Zamora, reprochant l'incompétence et même la non tenue de promesses notamment de protection des occupations.

Le film a été suivi d'un exposé de Carlos Palma (colombien, militant du Cercle Venezuela Toulouse et agriculteur bio dans l'ariège) qui a retracé l'histoire du développement agraire au Venezuela et l'actualité de la réforme agraire. Hegoa, membre de la dernière « brigade » lucha adentro 2006 et étudiante de cette université venat de passer un mois au Vénézuela a répondu aux questions.

Mercredi 29 novembre 2006 : Vidéo débat "plan colombie et son incidence sur le Venezuela"

Terra nova (librairie salon de thé- 18 rue gambetta) a été notre QG pendant toute la semaine avec les permanences tous les après midi ce qui nous a permis de diffuser notre matériel et de rencontrer ceux qui avaient des questions ou des projets à nous proposer.

Nous avons prévu ce mercredi un débat autour du film d'alessandro bombassei « le plan colombie et ses consèquences au Venezuela » fruit d'une enquête sur la frontière colombiano vénézuelienne et particulièrment sur la catastrophe humanitaire des réfugiés colombiens et sur la menace d'intrusion sur le territoire vénézuelien de paramilitaires dont les actions de déstabilisations sont encouragées par les gouvernements colombien et nord américain.

50 personnes sont venue voir le film et ont découvert cette situation jamais médiatisée. Nous avons pu revenir dans le débat sur toutes les tentatives possibles de déstabilisation de la part des Etats Unis contre le processus bolivarien.

Semaine suivie

350 personnes sont passé nous voir cette semaine comme ce monsieur

Mardi 28 novembre 2006 : Vernissage de l'expo photo.

Depuis plus d'un an, circule parmi les cercles de solidarité français une expo photo sur la révolution bolivarienne à l'initiative des collectifs "facteurs d'image" (marseillais) et "l'amateur photographe" (toulousain).

Nous avons décidé de l'exposer au bar "le Bijou" (123 avenue de Muret) où les photos sont très bien mises en valeur et où les serveurs sont, depuis le vernissage, câlés sur la politique vénézuelienne pour avoir assister aux explications comme les 15 autres amateurs de photo présents ce soir.

Vendredi 24 novembre 2006: 5 Heures pour le Venezuela


120 personnes se sont retrouvées au 28 rue de la pomme pour assister une soirée sur le Venezuela à partir de 17h.

Après un film de la télévision suisse posant les enjeux du scrutin du 3 décembre 2006, Renaud Lambert, journaliste du Monde Diplomatique revenant du Venezuela, nous a présenté ce qu'il se passe politiquement dans ce fameux processus bolivarien sans épargner des petites critiques et limites de ce processus.
Greg Oaxley du courant "La riposte" membre de la campagne "manos fuera de Venezuela" a expliqué la nécessité d'approfondir le processus révolutionnaire et construire "rapidement le socialisme" pour mieux résister aux différentes attaques de l'impérialisme.

Le Cercle Venezuela Toulouse co-organisateur de l'évènement était représenté par Julien Terrié qui a détaillé le programme de la Semaine pour le Venezuela à Toulouse, qui grâce une multiplication d'initiatives veut toucher le maximum de secteurs et aborder les différents thèmes du processus révolutionnaire en cours. Cette semaine tombe volontairement dans une fenêtre médiatique importante où les médias des élites (vénézueliennes mais aussi européennes) vont continuer à désinformer la population sur la situation au Venezuela et soutenir contre toute éthique journalistique l'opposition au gouvernement Chavez.

Le débat a été riche et nous avons répondu aux questions posées sur le fonctionnement de cette fameuse démocratie participative, insistant sur le processus de révocabilité des élus prévu dans l'article 72 de la constitution. Les questions ont abordé le thème des usines récupérées par l'Etat et les travailleurs: la fameuse « Cogestion » qui permet de sauver l'outil de travail laissé par les patrons et donner le pouvoir de décision à l'assemblée générale des travailleurs de l'entreprise.
Dans le débat, nous sommes revenu sur le fonctionnement des missions sociales et l'implication des communautés dans la gestion de l'argent public.

L'ambassadeur du Venezuela en France, Jesus Perez a conclu l'évènement expliquant les enjeux de l'élection du 3 décembre 2006, sur les potentielles tentatives de déstabilisation du gouvernement bolivarien: les probables accusations de fraude de la part de l'opposition si le scrutin n'est pas très largement en faveur de Chavez.
Il a appelé tout le monde à être vigilant et à continuer à diffuser l'information sur la réalité du processus vénézuelien.
L'évènement s'est terminé avec un concert de musique llanera où tout le monde à chanter avec Gebert et ses musiciens y compris Jesus Perez...

Cinq minutes de procès contre Hugo Chávez sur Canal +

Si l’on en croit nombre de commentateurs, la victoire du « non » au référendum du 2 décembre 2007 sur la réforme de la Constitution au Venezuela aurait signé la défaite d’un projet de dictature et celle d’un dictateur. Un dictateur qui a pourtant soumis, lui, les transformations de la Constitution à référendum ; une dictature dans laquelle le prétendu dictateur et ses soutiens s’inclinent devant le résultat du suffrage universel...


Avant de revenir dès demain (jeudi 6 décembre) sur le traitement médiatique de ce scrutin, un exemple de ce que peut le journalisme quand il renonce à informer : quand le courage de dénoncer « les caricatures » revient… à proposer l’inventaire des caricatures de Chávez et de la situation au Venezuela.

par Renaud Lambert, Henri Maler

Comme celle d’autres pays, la situation sociale et politique au Venezuela suscite des questions légitimes. Et comme celle d’autres responsables politiques démocratiquement élus, la personnalité d’Hugo Chávez et son rôle politique, également. Une particulière vigilance est même requise de la part de celles et ceux qui sont solidaires des conquêtes démocratiques et des conquêtes sociales obtenues et espérées par le peuple vénézuélien. Quant à ceux qui redoutent ou qui combattent ces mêmes conquêtes, leur opposition, en principe, ne devrait pas les dispenser du devoir d’exactitude et les autoriser à transgresser, comme ils le font si souvent, les règles élémentaires de l’information. Leur journalisme de propagande ne connaît alors aucune limite. Il peut atteindre des sommets. En voici un parmi d’autres.


Cinq minutes pour convaincre

Le 20 novembre 2007, l’« Edition spéciale » de Samuel Etienne, sur Canal +, évoque la visite en France du président vénézuélien, Hugo Chávez. Celui-ci doit, le jour même rencontrer Nicolas Sarkozy pour discuter de ses démarches visant à la libération d’Ingrid Betancourt.

C’est le point de départ d’une séquence de l’émission dont le titre (« Le Chávez World Tour à Paris ») était déjà la promesse que la rigueur journalistique n’abandonnerait rien aux dérives sensationnalistes. Une séquence que l’on peut voir sur Dailymotion.

En moins de six minutes, « Edition spéciale » va parvenir non seulement à faire le tour des poncifs les plus rebattus de la critique anti-chaviste, mais surtout à ne donner absolument aucune information sur le pays, son histoire ou encore la politique menée par son président.
Le tout en deux chroniques successives qui, dans des styles différents, s’attachent toutes deux à discréditer le président vénézuélien. D’abord, la journaliste Anne-Elisabeth Lemoine – tissant la trame de son intervention avec les fils de l’ironie et du mépris – s’intéresse à la « forme » du discours d’Hugo Chávez pour dresser le portrait d’un « clown » ridicule… mais « inquiétant » (comme le dira le présentateur de l’émission). Puis, Ariel Wizman présenté comme « analyste » de la politique d’Hugo Chávez, se pare de la robe d’un « procureur-joailler » pour enfiler, en moins de deux minutes, l’intégralité des perles de la désinformation.


I. Critiquer la forme pour dénigrer le fond

Anne-Elisabeth Lemoine entame son portrait politique d’Hugo Chávez (patronyme qu’elle prononce « Châââvèze » (une prononciation apparemment irréprochable, mais qui liasse transparaître le mépris social omniprésent dans les critiques les plus acerbes formulées contre Chávez) par une évocation d’« Alo Presidente », l’émission hebdomadaire animée par le président vénézuélien. La journaliste explique que ce programme est diffusé « tous les jeudis » et « lance » alors une séquence en images d’une de ces émissions, datée… du 16 février 2007, soit un vendredi. Approximation bénigne, certes, mais ce ne sera pas la seule…

Sur un ton ironique et dédaigneux, elle s’amuse : « Regardez, il y a même un générique ». À l’écran, Chávez applaudit, comme il le fait souvent, à l’attention des téléspectateurs qui le regardent. Finaude, elle commente : « Il s’applaudit lui-même ». Et, sur le plateau, le public, bien élevé, applaudit (s’applaudit ?) lui aussi. Anne-Elisabeth Lemoine renchérit : « Alors il fait tout, il fait l’intervieweur, l’interviewé, il fait des revues de presse, il montre des journaux dans lesquels, évidemment, il est à la “ Une ” ». Ce sera là la seule évocation pendant toute l’émission de relation qu’entretient le président vénézuélien avec « des journaux » dont la quasi-totalité est aux mains d’un secteur privé qui a appuyé le coup d’Etat d’avril 2002 [1]). Passons...


Ni Habitat, ni Ikea…

Commentaire de l’image : Chávez est assis « derrière un magnifique petit bureau rectangulaire » dans une « déco un poil stalinienne derrière, mais enfin bon, tout va bien ». La « déco » en question n’est peut-être pas du meilleur goût. Mais la présentation de cette image (alors que « Alô Présidente » est tourné dans les cadres les plus divers) n’est là que pour justifier l’imputation de stalinisme. Faudrait-il s’inquiéter du fait que le président français, Nicolas Sarkozy, soit amené à s’asseoir dans un mobilier « un poil Empire » (dans les salons de l’Elysée) et craindre qu’il ne révèle – par conséquent – une ambition « impériale » ? La journaliste nous gratifie ainsi d’une « hypallage », cette figure de style par laquelle on « attribue à certains termes d’un énoncé ce qui devrait logiquement être rattaché à d’autre termes de cet énoncé [2] » , le caractère « stalinien » de la « déco » n’étant qu’une qualification rhétorique…du président vénézuélien lui-même.

Le présentateur n’est pas en reste, car manque à cette description un élément éminemment politique de la « déco » : le globe terrestre que l’on aperçoit à l’image. Samuel Etienne renchérit donc avec un sourire : « … avec le globe du dictateur ! [3] » . « Le globe » ? C’est bien connu : tout dictateur se signale par la présence d’un globe à ses côtés. Et l’absence de cette sphère disqualifie d’emblée les plus motivés des prétendants au totalitarisme...


De la chansonnette de Chávez à l’accordéon de VGE

Puis notre chroniqueuse poursuit en relatant les récentes visites de « stars » au Venezuela (il ne citera que les acteurs Sean Penn et Kevin Spacey ainsi que l’ancienne « top model » Naomi Campbell). Plutôt que citer leurs propres commentaires – plutôt favorables – sur les raisons de leurs visites [4], celle-ci préfère attribuer leur présence à un motif de son cru : « peut-être qu’ils se font un peu piéger ». Peut-être aussi que les stars sont de grands enfants et les chroniqueuses de Canal + des machines à décoder les pièges des dictateurs…

Vient alors ce qui pour Anne-Elisabeth Lemoine est sans doute le « coup de grâce » : Chávez serait un « saltimbanque, un intermittent du spectacle » explique-t-elle, car « pendant ses shows télé, il chante. Ecoutez, c’est magnifique. » S’en suivent rires et applaudissements moqueurs. Mais pour que ce fragment prête à rire, il a fallu le couper de son contexte et du contexte de sa réception par le peuple vénézuélien. De quoi se demander ce qui est ainsi tourné en dérision ? Et à quoi tend cette charge ? Suffisait-il, il y a quelques dizaines d’années, à Valéry Giscard d’Estaing de jouer quelques notes d’accordéon pour le disqualifier définitivement ? Comme le note un contributeur au forum de Dailymotion : « Chávez qui chante est un fou... Clinton qui joue du sax est un génie... Y aurait-il un parti pris ? ». La question peut, en effet, se poser…

La satire, parce qu’elle s’exerce contre la tendance des médias à « institutionnaliser la parole institutionnelle », peut avoir des effets salutaires. Encore faudrait-il qu’elle s’annonce clairement comme telle, que la dérision ne se substitue pas à l’information et qu’elle ne travestisse pas la pure et simple propagande : ce n’est manifestement pas le cas ici. Lourdement chargée d’une hostilité politique non dissimulée, la charge d’Anne-Elisabeth Lemoine est un simple prologue : il introduit la performance d’Ariel Wizman qui, lui, parle en spécialiste et prétend s’attaquer au « fond »…


II. Caricaturer le fond… pour ne rien n’en dire

C’est le présentateur de l’émission qui se charge de confirmer que la satire n’était qu’un hors d’œuvre. Il explique : « Alors [passage incompréhensible], on a un président qui a l’air très sympathique comme ça, haut en couleur, mais c’est vrai , Ariel, quand on se penche sur la politique de ce monsieur, le clown devient vraiment inquiétant ». Chávez n’a pas été peint en « clown » : c’est un « clown ». Un « clown inquiétant ». Et puisque « c’est vrai, Ariel », l’acte d’accusation qui suit fait office d’information… indiscutable.


Caricatures

Une performance : en une grosse centaine de secondes, Ariel Wizman, parvient à « caser » la quasi-totalité des grands classiques de l’opposition à Chávez. Approximations et mensonges de propagande tiennent lieu de fait vérifiés et vérifiables.

Pour évoquer Hugo Chávez - « ce type-là », dit-il -, Wizman commence par l’évocation d’une récente altercation qui l’opposa au roi d’Espagne, Juan Carlos Bourbon. En vidant l’altercation de son contenu, il s’agit, sans doute, de suggérer que Chávez, le trublion des sommets diplomatiques, n’a eu que ce qu’il méritait. Pour Wizman, l’affaire se résume ainsi : « Souvenez-vous, [Chávez] avait quasiment claqué le beignet au Roi d’Espagne, au point que le roi d’Espagne lui dit "Mais, pourquoi tu ne la fermes pas ?" » Sauf que le récit est factuellement faux. Et s’il y a bien eu une altercation, Chávez ne répondait pas au Roi d’Espagne, mais au président du gouvernement espagnol [5].

Le chroniqueur en vient alors à la « substance » de son analyse : « Alors, Chávez, c’est l’héritier d’une idéologie qui est tenace en Amérique latine, qui est, en fait, la conséquence d’agissements impérialistes des Etats-Unis, hein, dans ce continent dans les années 70 ». Cette idéologie, « tenace » comme une tâche dont on ne parvient pas à se défaire, n’est pas tant discréditée pour ce qu’elle est (une dénonciation de l’impérialisme américain en Amérique latine), mais comme un héritage archaïque qui remonte aux années 70. Et comme Wizman n’oserait pas présenter une chronique sur Canal+ en « patte d’éléphant » et en chemise à fleur, il décrète que les options politiques doivent suivre la mode, sous peine de passer pour un héritage ringard, une vielle idéologie.


Quelle idéologie ?

L’idéologie de Chávez, « c’est un mélange de populisme, de guévarisme, de "fol-klo-risme" [il détache les syllabes comme pour souligner la difficulté qu’il y a à décrire la bouillie politique qu’il a lui-même préparée] et surtout de tiers-mondisme avec toutes les caricatures. Il y a évidemment à ses côtés, le président bolivien Evo Morales, Lula, au Brésil, l’aime bien aussi, Fidel Castro, et puis, alors, toute la cohorte des dictateurs dans le monde : Mugabe, Ahmadinejad. »

Expert en « caricatures », Wizman, amalgame tout et n’importe quoi et avec la prétention désinvolte et arrogante du « politologue » de pacotille qui escompte que les suffixes en « isme » donnent des gages de sérieux. A ses yeux le tiers-mondisme se confond avec ses « caricatures ». Et les relations diplomatiques du président vénézuélien – aussi discutables soient-elles – avec des dictateurs avérés suffisent à résumer sa politique. On ne doute pas que Wizman réduise, ainsi, les deux mandats de George W. Bush à ses rapports avec Pervez Musharraf, ceux de Jacques Chirac à ses liens avec l’algérien Bouteflika et la politique de Nicolas Sarkozy à ses coups de téléphone avec N’Djaména (capitale du Tchad).

Conclusion de l’énumération : « Alors, heu, ça se fonde sur une idéologie rouge-brun , en quelque sorte. » Puisqu’on vous le dit !


Mensonges

Après avoir égratigné au passage le mouvement altermondialiste - (« à l’extérieur, c’est très sympathique, ça fait très altermondialisme Manu Chao, très Michael Moore. ») - , le journaliste continue : Chávez, « c’est un type qui est ouvertement antisémite ». « Antisémite » ? L’accusation lancée en France par Libération, faute d’arguments, a été classée sans suite [6]. L’adverbe « ouvertement » vaut pourtant ici démonstration.

Non content d’être « antisémite », Chávez « c’est également quelqu’un qui instaure une répression avec des bandes armées, des escadrons de la mort, une confiscation des ressources, un bâillonnement de la presse en général dans son pays. »

« Une répression avec des bandes armées, des escadrons de la mort » ? Des camps de concentration peut-être ? Dès lors qu’on abolit la nécessité d’apporter la moindre preuve, pourquoi s’arrêter en chemin ?
— Une « confiscation des ressources » ? Des nationalisations pourtant payées à leur prix de marché…
— « Un bâillonnement de la presse en général » ? Celle, bien sûr, dont les journalistes ne sont pas encore tombés aux mains des « escadrons de la mort »… Même Reporters sans Frontière n’avait pas encore osé.

Pour conclure, Wizman prend de la hauteur : le Venezuela est un pays qui « n’est pas différent des autres pays du Tiers monde, à savoir qu’il y a une élite très riche et un pays très pauvre, tout simplement ». « Tout simplement », la situation d’extrême inégalité sociale du pays est si ordinaire qu’elle en devient presque naturelle … puisqu’elle existe partout. Il suffit donc, « tout simplement », de s’y faire… Estimant que son exposé vaut démonstration, Wizman achève alors son chef d’œuvre par un « donc » récapitulatif : « Donc, Chávez est cet espèce de caudillo dont on se demande s’il va nous amener un bon cadeau de Père Noël, à savoir la libération d’Ingrid Bétancourt. »


Cinq minutes de procès

A l’issue de ces cinq minutes de procès, qu’aura-t-on appris ? Tout d’abord :

— qu’il arrive à Chávez de parler dans des décors qui ne sont pas du goût des journalistes de Canal+ ;
— qu’il présente une émission de télévision, laquelle a son propre générique, et pendant laquelle il lui arrive de parler plus de sept heures durant ;
— qu’il arrive à Chávez de chanter ;

Des conditions de cette émission, des ses motifs, de sa construction, de sa fonction et de ses contenus, on ne saura rien.

On aura également appris :
— que Juan Carlos Bourbon lui a demandé de « la fermer » ;
— que l’idéologie qui l’anime est aussi « archaïque » que les inénarrables « ponchos » latino-américains à l’époque du Gore-tex ;
— qu’Hugo Chávez, est un « rouge-brun », « antisémite » à la tête d’un Etat répressif qui lance des « escadrons de la mort » à l’assaut de ses opposants, mais qui, apparemment, n’est pas pédophile et ne mange pas ses femmes ;.
— qu’il est à la tête d’un pays dont la structure sociale ne peut-être modifiée.

Des réalités économiques et sociales du pays, des raisons qui ont mené une grande partie de la population à rejeter le modèle capitaliste mondialisé et à souhaiter tenter de construire un « socialisme du XXIe siècle », des enjeux et du contenu de la Constitution soumise au vote et rejetée quelques jours après la diffusion de l’émission, , on ne saura rien. Le public, auquel on retire la possibilité même de se forger sa propre opinion sur un processus politique dérangeant, sera donc sommé de s’en remettre à la condamnation experte de ceux qui savent, et qui n’ont pas besoin de prouver… Après tout, l’objectif n’était pas d’informer, mais de rire d’un « clown » et de condamner un tyran.

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Annexe : Transcription de la chronique d’Ariel Wizman

— Présentateur : - « Alors (incompréhensible), on a un président qui a l’air très sympathique comme ça, haut en couleur, mais c’est vrai , Ariel, quand on se penche sur la politique de ce monsieur, le clown devient vraiment inquiétant ».

— Ariel Wizman (AW) : - « Et bien, moi, je plains la famille Betancourt dont le sort d’Ingrid dépend, au fond, de Chávez, de ce type là et déjà j’espère que la rencontre Chávez-Sarkozy se passera mieux que la rencontre Juan Carlos Chávez. Souvenez-vous, il avait quasiment claqué le beignet au Roi d’Espagne. »

Une séquence vidéo du forum ibéro-latino-américain où eut lieu l’altercation suit, avec un « son » (répété) du roi espagnol qui dit : « Porque no te callas ? » traduit à l’écran par « Pourquoi tu ne te tais pas ? »

— AW : - « Au point que le roi d’Espagne lui dit « Mais, pourquoi tu ne la fermes pas ? ». Alors, Chávez, c’est l’héritier d’une idéologie qui est tenace en Amérique latine, qui est, en fait, la conséquence d’agissements impérialistes des Etats-Unis, hein, dans ce continent dans les années 70. Je suis sûr, Nicolas, que vous avez porté un poncho par solidarité… »

— Nicolas Domenach : - « Et oui, et j’ai même chanté les Calchakis groupe de musique andine »

— AW : - « Voilà, alors, c’est un mélange de populisme, de guévarisme, de “folklorisme” [il détache les syllabes comme pour souligner la difficulté qu’il y a à décrire une telle bouillie politique] et surtout de tiers-mondisme avec toute les caricatures. Il y a évidemment à ses côtés, le président bolivien Evo Morales, [une incrustation d’un article du journal Le Figaro apparaît à l’écran, dont on ne lit que le titre « La tentation cubaine de Hugo Chávez »], Lula, au Brésil, l’aime bien aussi, Fidel Castro, et puis, alors, toute la cohorte des dictateurs dans le monde : Mugabe, Ahmadinejad avec lesquels, il a décidé, à l’instar de son ennemi, Bush, de former, lui, un axe du bien. Alors, heu, ça se fonde sur une idéologie rouge-brun, en quelques sortes. A l’extérieur, c’est très sympathique, ça fait très altermondialisme Manu Chao, très Michael Moore.

C’est un type qui est ouvertement antisémite, c’est également quelqu’un qui instaure une répression avec des bandes armées, des escadrons de la mort, une confiscation des ressources, un bâillonnement de la presse en général dans son pays. Et, ce pays, le Venezuela, qui est assis sur d’énormes ressources pétrolières, n’est pas différent des autres pays du tiers-Monde, à savoir qu’il y a une élite très riche et un pays très pauvre, tout simplement, donc Chávez est cette espèce de Caudillo dont on se demande s’il va nous amener un bon cadeau de Père Noël, à savoir la libération d’Ingrid Bétancourt. Il a une relation épistolaire avec le chef des FARC [incrustation d’une caricature signée Plantu, du Monde du 20 novembre 2007, de Chávez en magicien] et il dit “je vais aller dans la jungle”et Sarkozy dit, paraît-il, “je vais le suivre pour aller chercher Ingrid Bétancourt ”. Quand on a passé ses vacances chez Bush, c’est quand même assez paradoxal, je trouve. »

— Présentateur : - « Merci Ariel et, en effet, maintenant on attend le résultat de ce déjeuner à l’Elysée avec le président Sarkozy. »

NOTES:

[1] Lire, à ce sujet, les articles disponibles sur le site d’Acrimed

[2] Selon le site Etudesittéraire.com.

[3] C’est nous qui soulignons ici et plus loin.

[4] Sean Penn, plutôt favorable, par exemple dans le Late Show de David Letterman (le 1er octobre 2007), consultable sur Youtube - Kevin Spacey, plutôt favorable, comme le reflète notamment une dépêche de Bloomberg du 25 septembre 2007 - Naomi Campbell, plutôt favorable, elle aussi, comme le souligne notamment une dépêche de l’AFP, du 1er novembre 2007, consultable ici.

[5] Rappel des faits (à partir d’un article de Romain Migus, paru sur le site Le Grand soir.) Réunis lors du 17ème sommet ibéro-américain, en novembre dernier, le président du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero, termine son allocution en ces termes : « un pays ne pourra jamais avancer s’il cherche dans des facteurs extérieurs des justifications quant à ce qui empêche son développement. » Jugeant qu’il est bon de rappeler que des « facteurs extérieurs » tel qu’un putsch soutenu par l’Espagne et les Etats Unis ont « empêché le développement » du Venezuela, Hugo Chávez intervient alors en affirmant que, pour lui, l’ancien président du gouvernement espagnol (Aznar) – qui avait donc soutenu le coup d’Etat de 2002 -, était tout bonnement « fasciste ». Une intervention vigoureuse qui déclenche aussitôt la colère du roi Juan Carlos Bourbon, lequel, violant les règles du protocole diplomatique, se permet d’interrompre Chávez en le sommant de « la fermer ».

[6] Lire notamment ici même : « Le journalisme d’imputation : Chávez accusé d’antisémitisme »,11 janvier 2006.


RISAL - Réseau d'information et de solidarité avec l'Amérique latine

URL: http://risal.collectifs.net/

Source : Acrimed (http://www.acrimed.org), 5 décembre 2007.