Hugo CHAVEZ devant les médias internationaux

Serge CHARBONNEAU

C’est dommage que si peu de gens, maîtrisent la langue de Cervantès.


Hier (en fait le 7/08), le Président diabolisé (depuis déjà une décennie) du Venezuela a donné une conférence de presse pour les médias internationaux. La soldate Beatriz Lecumberri du bataillon de l’AFP était présente. Le démon Chávez lui laissa les premiers mots pour donner le coup d’envoi à cette rencontre. La soldate Lecumberri de AFP a donc eu l’honneur de poser la première question. Le démon Hugo Chávez lui répondit de façon plus qu’exhaustive. Une réponse de près d’une heure. Non seulement il répondit à sa question concernant les allégations du gouvernement Uribe de Colombie l’accusant d’avoir acheté des armes de la Suède pour les vendre ou les donner à la guérilla « marxiste » [1] des FARC, mais il en profita pour donner un cours d’armement et d’Histoire.


La bête noire (puisque ce qualificatif si constamment employé pendant la saine (sic) l’administration Bush identifie maintenant, « le gros verrat » dans l’esprit de bien des gens) a non seulement mis en contexte avec une précision incroyable les accusations colombiennes, il donna un cours d’armes de combat, suivi d’un important cours d’Histoire régional. Aussi, il nous fit part de plusieurs anecdotes et circonstances que son rôle de gradé de l’armée vénézuélienne lui a permis de vivre en tant qu’acteur important dans les événements de la région. Cette conférence de presse était plus qu’intéressante. Une conférence de presse d’une très grande importance pour comprendre ce qui se passe en Amérique latine.


Ce matin, cherchez un seul reportage de la soldate Beatriz Lecumberri (AFP) concernant cette importante conférence de presse, vous n’en trouverez pas (en tout cas, je n’ai rien trouvé). Dans les journaux mondiaux (toujours à l’unisson), on trouve deux titres. Le plus "adéquat" est : « Les armes suédoises des Farc ont été volées au Venezuela en 1995, dit Chavez ».


Remarquez le « dit Chávez » qui annule en quelque sorte la crédibilité de la nouvelle. Tout le monde sait (après se l’être fait dire depuis des années) que Chávez est (en théorie et selon les soldats de l’information internationale) un fieffé menteur (sic). Donc, bien que Chávez ait démontré d’une façon incontestable l’absurdité de l’accusation colombienne, toute sa remarquable démonstration reste sans effet. Le bataillon médiatique est simplement contre la bête noire, peu importe la réalité, les faits, les circonstances et les preuves. Une fois de plus nous constatons que le bataillon médiatique opère pour un camp et que l’information journalistique est une illusion terrible.


Pour compenser ce maigre entrefilet, je vous invite à assister à cette importante conférence de presse tenue au palais de Miraflores de Caracas, hier, mercredi le 5 août 2009. « Chávez demuestra la falsedad de las pruebas de Uribe sobre las supuestas armas incautadas a las FARC » Chávez démontre la fausseté des preuves de Uribe concernant les armes supposément saisies aux FARC (en octobre 2008). Article et vidéo en 4 parties :
http://www.radiomundial.com.ve/yvke/noticia.php?30010


C’est avec une clarté et une précision chirurgicale que la bête noire (titre qu’on nous a enraciné dans le profond de notre cerveau) démontre l’absurdité de ces dites preuves. De plus, Chávez, ce Président diabolisé, qui n’a jamais opprimé sa population, qui a été élu et confirmé dans son poste plusieurs fois par la voie des urnes (toujours amplement surveillées par des centaines d’observateurs étrangers (400 aux élections de décembre 2006), qui n’a jamais envahi aucun pays, qui ne s’est jamais ingéré dans la politique interne d’aucun pays (autrement qu’amicalement lors de rencontres bilatérales ou multilatérales (MERCOSUR, UNASUR, ALBA)), nous a livré avec émotivité ses valeurs et ses convictions. Il a aussi fait part de comment il avait vécu plusieurs événements concernant cette guerre interne de Colombie ainsi que les attaques répétées contre lui.


Malheureusement, aucun reportage rapportant fidèlement cette vibrante conférence de presse n’est disponible dans nos médias. Par contre, on peut trouver un second titre faisant référence d’une façon plus que partielle à cette rencontre d’hier avec les médias internationaux : « Tensions Venezuela/Colombie : Chavez interdit l’importation de 10.000 voitures ». Un titre que vous pouvez retrouver dans l’ensemble de la presse dominante. Un titre vide mettant au premier plan un aspect négligeable de cette présentation de Hugo Chávez.


C’est cet aspect, totalement secondaire, que les bataillons médiatiques ont choisi de transmettre à la population. C’est l’aspect le plus inoffensif pour ne pas que l’image du gros verrat ne s’améliore. Il faut noter la présentation "malhonnête" de AFP (repris par TV5 [2]). L’article se termine en disant : « M. Chavez a poursuivi en déclarant que les lance-roquettes et fusils automatiques trouvés en Colombie dans un camp des rebelles marxistes avaient été volés dans un arsenal vénézuélien il y a 14 ans, démentant l’affirmation des Colombiens selon laquelle ces armes avaient été fournies par le Venezuela aux Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).


Ces armes se trouvaient à la base de Cararabo, proche de la frontière colombienne, et furent volées en 1995, a affirmé le président Chavez, qualifiant les accusations de Bogota de "sale action" destinée à détourner l’attention alors que la Colombie s’apprête à autoriser l’ouverture sur son sol de sept bases militaires américaines. » Il est faut de dire : « Chavez a poursuivi en déclarant… » Chávez n’a pas « poursuivi », il a débuté sa conférence de presse avec ces accusations colombiennes des armes supposément saisies aux FARC en octobre 2008. Sa conférence a duré plus d’une heure sur ce seul point.


Il a parlé environ 5 à 10 minutes, tout au plus concernant l’aspect économique entre le Venezuela et la Colombie, en s’appliquant à démontrer que par ses décisions politiques il avait augmenté de façon incroyable le commerce entre les deux pays, et ce, au bénéfice de la Colombie. Il a dit, qu’étant donné les circonstances (ces attaques diffamatoires répétées contre son gouvernement), il était tout simplement pour faire affaire avec l’Argentine et le Brésil qui eux se comportent en gouvernement honnête et "ami" et non pas comme Uribe qui vient signer des accords en jouant hypocritement l’amitié et en ayant un poignard dans sa manche près à lui planter dans le dos. Une guerre est en cours en Amérique latine. Une guerre dont nous sommes les témoins aveugles. Aveugles parce que les bataillons médiatiques qui participent activement à cette guerre nous voilent délibérément la réalité.


Cette conférence de presse, malgré son importance, malgré la justesse des preuves et des éléments démontrés, ne nous est pas fidèlement rapportée. La soldate Beatriz Lecumberri, une des vaillantes soldates de AFP, n’a rien fait transpirer des propos du Président vénézuélien. On nous garde confortablement dans nos préjugés et on travaille à conserver intacte dans notre esprit l’image de la bête noire. On constate, une fois de plus que le bataillon médiatique joue un rôle de premier plan dans cette guerre.


Tout le monde sait que la première victime d’une guerre est la Vérité. Nous en avons, une fois de plus la preuve. La couverture du Coup d’État au Honduras est aussi une autre preuve flagrante. La dictature s’est maintenant installée en douce et ce régime dictatorial est devenu le gouvernement « de facto ». C’est honteux de constater comment nos (sic) vils soldats de l’information servent de façon félonne les intérêts qui les emploient et desservent à ce point l’information.


L’Information qui, dans une société démocratique, est la pierre angulaire de la santé du système. Sans une information honnête, toute démocratie ne devient qu’illusion. Il faut que les citoyens en soient conscients. Il faut que le citoyen s’informe par lui-même. Internet est un outil extraordinaire pour parvenir à mieux s’informer. Sans internet, jamais nous ne pourrions voir l’importante conférence de presse qui s’est tenue hier à Caracas.


Il faut profiter d’internet et il faut être conscient que probablement, cet outil d’information extraordinaire nous sera retiré peu à peu. Soit par des coûts le rendant inaccessible, soit en contrôlant l’information qui y circule.
Il faut profiter d’internet le temps que nous le pouvons et il faut essayer d’empêcher qu’on nous enlève peu à peu, en douce, cet outil trop démocratique.
La démocratie est d’une fragilité bien plus grande que l’on peut l’imaginer.


Serge Charbonneau, Québec