Venezuela. Ouvrir les cimetières de la démocratie représentative.

Grégoire SOUCHAY

Il est une chose de savoir qu’un peuple a vécu une dictature. Il en est une autre d’en entendre des témoins.

Le 23 janvier 1958, le peuple vénézuelien chasse la dictature de Marcos Perez Jimenez et instaure la IVe République du Venezuela, fondée sur la démocratie représentative. Apparente puisque les principaux partis politiques AD (Action démocratique), COPEI (chrétien démocrates) et URD (Union Républicaine Indépendante) signent en octobre 1958 le pacte de Punto Fijo. Celui-ci prévoit que les partis dominants s’engagent à ne pas modifier la constitution, à établir un gouvernement d’union nationale et à unifier leurs programmes politiques. Est exclu d’office du pacte le Parti Communiste Vénézuelien, pourtant pôle important de lutte contre la dictature. Cet accord va, de fait, entériner un bipartisme entre AD et COPEI, qui va durer pendant près de 40 ans. Un an après l’élection du premier président, Romulo Bétancourt, éclate la révolution cubaine, qui pousse une partie de la gauche à suivre l’exemple cubain, à entrer dans la clandestinité et former des guérillas. La « démocratie représentative » sera en pratique un régime extrêmement répressif, allant jusqu’à faire entrer les chars et l’armée dans l’université centrale du Venezuela, foyer de contestation, en 1969. Dans les années 70, le parti communiste, deuxième plus important d’Amérique Latine après celui de Cuba, sera décrété illégal et il entrera également dans la lutte armée. Ce cadre à la fois répressif et antisocial va avoir pour conséquence des évènements tels que ceux de Cantaura.

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