Des dizaines de milliers de manifestants paysans ont défilé lundi 11 juillet 2005 pour réclamer le soutien du gouvernement face aux grands propriétaires terriens.
Ils arrivent par petits groupes, se faufilent au milieu du trafic, certains ont un épi de maïs à la main, d’autres brandissent une machette démesurée… En contreplaqué. Des milliers de drapeaux à l’effigie du président Hugo Chavez qui orne aussi les T-shirt, les chapeaux. Des centaines de banderoles qui réclament « la réforme agraire », « l’arrêt des assassinats de paysans » par les terratenientes qui résistent becs et ongles à la loi agraire promulguée par le régime chaviste. Environ 130 militants paysans ont été tués depuis l’an 2000, et aucun grand propriétaire n’a encore été inquiété.
La marche fait un premier arrêt devant l’immeuble du Procureur Général de la République, pour dénoncer cette impunité. Pedro Castillo vient de l’Etat de Zulias. Trapu, visage d’Indien sous un chapeau de cuir, il fait partie de la coopérative « Fundo Santa Marta » qui regroupe une centaine de familles dont chacune cultive une petite parcelle de 4 à 5 hectares. Malgré une attribution de terres en bonne et due forme, certifiée par le tribunal de Maracaïbo, ces familles sont toujours menacées par les hommes de main des « terratenientes ». Pour s’en protéger, les hommes de la coopérative organisent des tours de garde, escopettes à portée de main. « Les paysans n’ont plus le droit d’être armés, dénonce Tomas Rivas, coordonateur de l’organisation paysanne ‘Ezequiel Zamora’, même pour chasser, certains en sont revenus à l’arc et aux flêches. « C’est censé diminuer la violence dans les campagnes, mais les campo volantes (hommes de main) eux sont toujours armés. Ce sont des graines de paramilitaires, c’est comme ça que ça a commencé en Colombie, et 50 ans après, ils sont toujours en guerre ». Eux ne sont pas « chavistes » : « on soutient le processus, et Chavez pour l’instant, mais rien n’ a changé réellement pour nous. » C’est l’autre aspect des revendications des paysans . Peut-être le principal ce jour . Luis Martinez vient d’une coopérative située également dans l’Etat de Zulias. 563 hectares ont été récupérés légalement, grâce à la loi agraire qui permet de distribuer les terres improductives aux coopératives paysannes. « Mais jusqu’à présent, nous n’avons reçu aucun fond, aucune des aides que Chavez a promis ». Les décrets ont pourtant été signés par le président. Mais entre lui et les communautés, toute une bureaucratie héritée de l’ancienne République fait de la résistance passive et bloque de nombreux projets.
La manifestation se rend ensuite devant le Capitole, siège de l’Assemblée nationale, qui sera rapidement envahi. Une série d’orateurs se succède pour dénoncer la bureaucratie et proposer la « révolution dans la révolution » « il faudra se débarrasser de tous ces corrompus et ces bureaucrates » lâche l’un d’eux, un béret rouge pourtant le nom du président. C’est pour le voir en personne que les manifestants se rendront ensuite devant le palais présidentiel de Miraflores, sans succès. Finalement, la manifestation prévue sur deux jours sera écourtée, les organisateurs ayant connu quelques problèmes d’intendance.
Pour le monde paysan, peut-être plus encore que pour les autres secteurs populaires, le « processus révolutionnaire bolivarien » est loin d’être abouti. La marche sera encore longue, et difficile.
Ils arrivent par petits groupes, se faufilent au milieu du trafic, certains ont un épi de maïs à la main, d’autres brandissent une machette démesurée… En contreplaqué. Des milliers de drapeaux à l’effigie du président Hugo Chavez qui orne aussi les T-shirt, les chapeaux. Des centaines de banderoles qui réclament « la réforme agraire », « l’arrêt des assassinats de paysans » par les terratenientes qui résistent becs et ongles à la loi agraire promulguée par le régime chaviste. Environ 130 militants paysans ont été tués depuis l’an 2000, et aucun grand propriétaire n’a encore été inquiété.
La marche fait un premier arrêt devant l’immeuble du Procureur Général de la République, pour dénoncer cette impunité. Pedro Castillo vient de l’Etat de Zulias. Trapu, visage d’Indien sous un chapeau de cuir, il fait partie de la coopérative « Fundo Santa Marta » qui regroupe une centaine de familles dont chacune cultive une petite parcelle de 4 à 5 hectares. Malgré une attribution de terres en bonne et due forme, certifiée par le tribunal de Maracaïbo, ces familles sont toujours menacées par les hommes de main des « terratenientes ». Pour s’en protéger, les hommes de la coopérative organisent des tours de garde, escopettes à portée de main. « Les paysans n’ont plus le droit d’être armés, dénonce Tomas Rivas, coordonateur de l’organisation paysanne ‘Ezequiel Zamora’, même pour chasser, certains en sont revenus à l’arc et aux flêches. « C’est censé diminuer la violence dans les campagnes, mais les campo volantes (hommes de main) eux sont toujours armés. Ce sont des graines de paramilitaires, c’est comme ça que ça a commencé en Colombie, et 50 ans après, ils sont toujours en guerre ». Eux ne sont pas « chavistes » : « on soutient le processus, et Chavez pour l’instant, mais rien n’ a changé réellement pour nous. » C’est l’autre aspect des revendications des paysans . Peut-être le principal ce jour . Luis Martinez vient d’une coopérative située également dans l’Etat de Zulias. 563 hectares ont été récupérés légalement, grâce à la loi agraire qui permet de distribuer les terres improductives aux coopératives paysannes. « Mais jusqu’à présent, nous n’avons reçu aucun fond, aucune des aides que Chavez a promis ». Les décrets ont pourtant été signés par le président. Mais entre lui et les communautés, toute une bureaucratie héritée de l’ancienne République fait de la résistance passive et bloque de nombreux projets.
La manifestation se rend ensuite devant le Capitole, siège de l’Assemblée nationale, qui sera rapidement envahi. Une série d’orateurs se succède pour dénoncer la bureaucratie et proposer la « révolution dans la révolution » « il faudra se débarrasser de tous ces corrompus et ces bureaucrates » lâche l’un d’eux, un béret rouge pourtant le nom du président. C’est pour le voir en personne que les manifestants se rendront ensuite devant le palais présidentiel de Miraflores, sans succès. Finalement, la manifestation prévue sur deux jours sera écourtée, les organisateurs ayant connu quelques problèmes d’intendance.
Pour le monde paysan, peut-être plus encore que pour les autres secteurs populaires, le « processus révolutionnaire bolivarien » est loin d’être abouti. La marche sera encore longue, et difficile.
Pierre Doury
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