Venezuela : Reporters sans Frontières insinue que Chávez est trop légaliste ?

Par Numancia Martínez Poggi

Reporters sans Frontières (RSF), avec une consistance digne d’éloge, poursuit son offensive propagandistique contre la Révolution bolivarienne du Venezuela. Sous le prétexte du non renouvellement de la concession jadis cédée par l’Etat à la chaîne privée Radio Caracas Televisión (RCTV), RSF porte de bruyantes attaques contre Chávez.

Apparemment, selon la logique à l’œuvre chez RSF, si un Etat donne une concession à une chaîne pour occuper l’espace hertzien, cet Etat perd définitivement tout droit à pouvoir un jour récupérer cet espace. Rassurez-vous : cette conception élargie de la liberté de la presse n’est par RSF brandie que dans le cas du Venezuela. Evidemment, sinon cela poserait de sérieux problèmes. Avec une telle logique, toutes les télévisions russes seraient encore communistes ; tous les medias espagnols seraient encore franquistes...

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Enfin disponible: Bernal aux 50 ans du Monde Diplo...

Expression Latine...

Au retour du Venezuela, nous avons été invités par l'association INTI à l'émission de radio "expression latine" pour parler de notre voyage et du Projet Lucha Adentro 2006.
Julien et Bernard ont répondu aux questions de Carmen et Elisabeth.

Nous avons aussi parlé du fonctionnement des missions, de la campagne de désinformation: "Chavez Président à vie" et du dernier discours de Chavez à l'ONU.

Bonne écoute.

Emission-radio-expression-latine-oct2006.mp3

Corran la voz!!! La entrada es Gratis !!*

Photo: Yannick Lacoste 2006
*Qu'on se le dise !! L'entrée est gratuite !!

L' Association !!Acroches!! organise une fête Latino le Samedi 24 Février dans la salle communale de la Mairie de Saint Martin du Touch dans l'agglomération toulousaine.

Au programme: un spectacle musical avec les groupes "Conuco" (folklore vénézuelien) et "Montuno" (groupe de Son cubain)

Entrée libre, et en particulier pour tous les vénézueliennes et vénézueliens de Haute Garonne.

Le discours d'ouverture sera fait par l'ambassadeur de la république bolivarienne du Venezuela: Señor Jesus Arnaldo Perez...

Venez nombreux !!!

Vers une accélération du processus

Nationaliser ! Une évidence dans le processus socialiste vénézuelien... Photo: Yannick Lacoste 2006

Suite à sa réélection à la présidence de la République bolivarienne du Venezuela, Hugo Chavez a annoncé des mesures qui marquent une radicalisation du processus en cours.
Par Yannick Lacoste et Édouard Diago

Avec plus de 7 millions de voix, un million de plus que lors du référendum révocatoire de 2004, validées par une commission d’observateurs internationaux reconnue par le candidat d’opposition, il faut de la mauvaise foi pour nier le caractère profondément démocratique de la réélection d’Hugo Chavez. L’opposition ne maintient pas moins une forte pression médiatique, relayée en France par Libération et Le Monde. Paulo A. Paranagua et Rémy Ourdan pour Le Monde, J.-H. Armengaud pour Libération ont choisi le camp de l’opposition vénézuélienne qui a organisé un coup d’État en 2002 avec la participation des principaux médias privés. Renvoyer les missions populaires au rang d’anecdotes, comme le fait M. Paranagua en expliquant qu’elles sont des « palliatifs qui ne modifient pas une éducation nationale défaillante », c’est oublier qu’elles ont permis à l’Unesco de déclarer, en octobre 2005, le Venezuela « terre libérée de l’analphabétisme ». S’il y a encore beaucoup à faire dans le domaine de la médecine, 20 000 médecins soignent dorénavant gratuitement les populations des quartiers populaires. Ce ne sont que deux exemples qui expliquent que, dans certains « barrios » de Caracas, plus de 80 % ont voté pour Chavez alors qu’il continue de prôner une radicalisation du processus révolutionnaire en s’attaquant concrètement aux intérêts du capital vénézuélien.

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Une tautologie absurde

Eclairage sur le traitement médiatique du cas RCTV et des nationalisations au Venezuela
Par Romain Migus

L'année 2006 avait très mal commencé en ce qui concerne le traitement médiatique de la Révolution Bolivarienne par les media français. Souvenons nous qu'il y a un an, le journal Libération avait pris la tête en Europe d'une campagne internationale calomnieuse qui visait à faire du président Chavez un antisémite notoire.


On aurait pu s'imaginer que les media internationaux allaient en cette nouvelle année mettre un bémol dans leurs offensives médiatiques. En effet, l'année 2006 avait, en revanche, plutôt bien fini pour la gauche latino-américaine. Les victoires de Daniel Ortega et Rafael Correa au Nicaragua et en Equateur et le triomphe sans appel de Hugo Chavez au Venezuela consolidaient le processus de construction d'une autre Amérique Latine. Le choix des Peuples de ces pays ne fut entaché d'aucun soupçon de fraude. On pouvait alors s'attendre à un peu plus de respect de la volonté populaire en Amérique Latine de la part des entreprises de communication internationales.


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Les pieds de Greta Garbo


Nouvelle tempête de mensonges du Monde contre la révolution vénézuélienne

par Thierry Deronne *
C´est sous ce titre que l´écrivain Julio Cortazar écrivait au Monde dans les années 80 pour lui reprocher son refus de voir les avancées de la révolution sandiniste au Nicaragua. Dès que la liberté y avait abandonné le champ philosophique et s´était transformée en réalité pour des milliers de paysans sans terre, de coupeurs de bananes, d´enfants promis la tuberculose, la machine médiatique s´était mise à fabriquer le “totalitarisme sandiniste”. Jouant du piano a quatre mains avec ceux qui finançaient les attaques meurtrières de la “contra”, le Figaro Magazine puis le Monde (sous la plume d´un certain de la Grange) ne s´étaient rien refusé, inventant de soi-disants “charniers sandinistes”, démentis par la suite par Amnesty. La guerre médiatique ne cessa que le jour oú, vaincus électoralement, les sandinistes remirent le pouvoir a l´opposition. Les éditoriaux applaudirent alors les “grands démocrates” dont ils juraient la veille qu´ils s´éterniseraient au pouvoir en bons “marxistes totalitaires”.

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CARACAS, SITUATION OUVERTE…

Chaussures produites dans une coopérative du NUDE Fabricio Ojeda, photo: Yannick Lacoste 2006

Par Bernard Chamayou

A propos du Vénézuela, on peut faire trois constatations simples mais fondamentales : c’est un pays où tout le monde peut manger à sa faim, gratuitement, où tout le monde peut se soigner, gratuitement, où tout le monde peut s’instruire, gratuitement.

Comment est-ce possible ? C’est au travers de l’analyse de la visite d’un quartier de Caracas que nous essaierons de répondre à cette question ; c’est à partir de là que nous nous poserons des problèmes plus généraux concernant le processus de la Révolution Bolivarienne. Ces interrogations sont posées de l’intérieur du processus, en solidarité profonde avec le peuple vénézuélien.

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L’Amérique du sud vers un futur alternatif


par Adam Kesher, 14 January 2007

Traduction libre du dernier article de Noam Chomsky, paru le 5 janvier dans l’International Herald Tribune, plus factuel qu’analytique. Les liens ont été ajoutés à la main.

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Le mois dernier, la coïncidence d’une naissance et d’une mort ont marqué un signal de transition pour l’Amérique du Sud et pour le monde.

L’ancien dictateur chilien Augusto Pinochet est mort alors que des dirigeants de pays sud-américains se réunissaient à Cochabamba (Bolivie), pour un sommet de deux jours accueilli par Evo Morales, dont l’ordre du jour était à l’antithèse de Pinochet et de son époque.

Venezuela : baisse, stagnation ou augmentation de la pauvreté ?

Photo barrio La Vega (Caracas): Quentin 2006

par Humberto Marquez

Au Venezuela, on ne cesse de débattre des résultats chiffrés des politiques sociales, bien que cela importe peu aux pauvres qu’on les compte.

Pour les partisans du président Hugo Chávez, les statistiques sur l’éducation, la santé et la pauvreté montrent d’indéniables progrès. Pour ses détracteurs, ils ne sont pas fiables. Et pour la presse, l’opacité est reine.

Pendant ce temps, les agences internationales tentent de développer une façon d’évaluer les programmes sociaux créés par le gouvernement bolivarien.

A mi-chemin du délai prévu pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le Développement (ODM) en 2015, la Commission Economique des Nations Unies pour l’Amérique Latine et les Caraïbes (CEPAL) a souligné les carences des statistiques et les divergences en matière d’indicateurs servant à évaluer les progrès ou les reculs des pays de la région.

La pauvreté au Venezuela a été réduite de plus de 12% depuis que Chávez est arrivé au pouvoir en 1999. Selon la CEPAL, elle touchait alors 49,4% de la population dont 21,7% d’indigents.

Fin 2005, 37,1% des Vénézuéliens vivaient dans la pauvreté, dont 15,9% dans la pauvreté extrême, selon le rapport de la CEPAL intitulé « América Latina : Evolución de la Pobreza y la Indigencia 1980-2006 » [1] dont les chiffres sont basés sur « les grilles de résultats des enquêtes sur les foyers des différents pays ». Dans le cas du Venezuela, celles-ci sont élaborées par l’Institut National de Statistiques (INE) [2].

L’INE a estimé que, pour fin 2006, le Venezuela aurait moins de 10% de pauvreté extrême, ce qui lui permettrait d’atteindre le premier des objectifs du Millénaire proposé en 2000 par l‘Organisation des Nations Unies (ONU), à savoir réduire de moitié, pour 2015, la proportion de personnes gagnant moins d’un dollar par jour.

« Le Venezuela atteindra facilement les objectifs du Millénaire. Nous sommes déjà en train d’y arriver », affirmait Chávez à New York le 20 septembre 2006, peu après son intervention à l’Assemblée générale de l’ONU.

Il rappelait, par exemple, que l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO) a déclaré le Venezuela « territoire libre d’analphabétisme » après que le gouvernement lui ai certifié qu’il avait alphabétisé 1,5 million de personnes.

« Selon le Rapport mondial de suivi sur l’Eduction pour tous de 2005, son taux de scolarisation figure dans les 10 premiers de la région (...). Si le pays parvient à réduire l’absentéisme scolaire, il se rapprochera des objectifs de Dakar », affirme l’Unesco dans son site Web en se référant au Venezuela.

Parmi les six objectifs de la Conférence de Dakar (2000) figure l’éducation primaire, gratuite, obligatoire et de bonne qualité avant 2015 et l’augmentation de 50% du nombre d’adultes alphabétisés pour la même année.

« Dieu parle au travers des mathématiques », dit fréquemment Chávez pour traduire le fait que les objectifs, petits et grands, sont des questions de chiffres et non pas de rhétorique. Le gouvernant, qui attribue la phrase à Pythagore, fait souvent des opérations arithmétiques en public avant de présenter des résultats quantitatifs de sa gestion ou des propositions socio-économiques.

Il est le premier à défendre fermement les « missions », c’est-à-dire la quinzaine de programmes sociaux développés au cours des trois dernières années en marge de la structure traditionnelle de l’Etat dans lesquels des millions provenant des exportations pétrolières ont été injectés.

De ce discours soutenu découle une série de doutes sur les statistiques officielles. En effet, en mars 2005, dans son programme hebdomadaire de télévision, Chávez a rejeté les chiffres sur la pauvreté remis à la presse par l’INE et a exigé une rectification de l’organisme.

Elías Eljuri, directeur de l’INE, a dit dans une interview à la presse en décembre 2004 que « le taux de pauvreté au Venezuela était de 53% pour le mois de novembre », dont 25% de pauvreté extrême, c’est-à-dire les foyers n’ayant pas de revenus suffisants pour acheter le panier alimentaire, selon les calculs de l’INE.

Le Venezuela sortait à peine de la crise politique de 2002 et 2003, avec un bref coup d’Etat et une grève du secteur pétrolier qui a provoqué dans cet intervalle une chute de près de 28% du Produit Intérieur Brut (PIB).

Le fonctionnaire a présenté ces chiffres pour réfuter les arguments des opposants « qui commettent une erreur préméditée en additionnant la pauvreté à la pauvreté extrême » et qui évaluaient ainsi le fléau à plus de 70%.

Eljuri a donc proposé, y compris lors de réunions de la Communauté Andine des Nations (CAN), « de mettre au point un nouveau modèle d’indicateurs sociaux afin de construire un indice de bien-être social à partir d’une enquête sur le niveau de vie ».

Les méthodes traditionnelles de calcul de la pauvreté, tant la conjoncturelle qui mesure les revenus que la structurelle qui porte sur les besoins non satisfaits, ne prenaient pas en compte l’impact des programmes tels que les « missions », a souligné Eljuri.

Parmi ces « missions » figurent l’alphabétisation, les soins de santé de base prodigués par le personnel médical cubain, la distribution d’aliments subsidiés, la distribution de repas aux femmes et aux enfants pauvres, des opérations ophtalmologiques et le versement d’allocations à des personnes sans emploi qui suivent des formations professionnelles.

Suite au blâme de Chávez, l’INE est resté à l’écart de la presse jusqu’en octobre 2005 quand Eljuiri a présenté les nouveaux chiffres faisant état d’un taux de 38,5 % de pauvreté totale.

« Il faut être aveugle pour affirmer que la pauvreté a augmenté au cours des dernières années dans le pays. Les foyers dans cette situation ont diminué de 14,6% », a signalé Eljuri.

Au cours de la campagne électorale qui s’est soldée le 3 décembre dernier par la réélection de Chávez, le leader de l’opposition, Teodoro Petkoff, a confié à Inter Press Service (IPS) que l’un des mérites du processus politique vénézuélien a été de placer la pauvreté et la nécessité de la combattre au centre du débat national.

« Une pauvreté supérieure à celle décrite par les chiffres officiels maniés selon le bon vouloir de Miraflores », le siège du pouvoir exécutif, a-t-il ajouté.

Eljuri a affirmé en octobre passé que « quand en 2003, l’INE a montré que la pauvreté atteignait 55%, l’opposition a dit que ce chiffre était parfait. Mais quand ce taux baisse, alors, elle affirme que nous maquillons les chiffres et en déduit que nos instruments de mesure ne sont pas appropriés ».

Le politologue Víctor Maldonado, directeur de la Chambre de commerce de Caracas, a affirmé à IPS que « si les chiffres officiels recueillis par la CEPAL étaient sûrs, le Venezuela vivrait un miracle économique et social inédit. Mais ce n’est pas le cas ».

Le gouvernement revendique, par exemple, que sa « mission » Barrio Adentro, avec ses quelque 13 000 médecins cubains et 4 500 odontologistes a effectué en trois ans 203 millions de consultations, sauvé plus de 30 000 vies et réalisé 27,5 millions de visites à domicile dans un pays de 27 millions d’habitants. Il s’agit de chiffres non vérifiés et il n’existe pas de programme d’évaluation de l’impact des missions.

En outre, la presse n’a même pas accès à une liste officielle reprenant les endroits où se trouvent les médecins cubains, encore moins leur nombre, leur fonction ou leur identité.

Pour Maldonado, le nombre de consultations « supposerait un taux très élevé de population malade, ce qui ne peut se résoudre avec cette médecine primaire ».

« Les chiffres de la santé contrastent avec ceux de l’INE selon lesquels la moitié des naissances ne sont pas enregistrées l’année où elles ont lieu, ce qui signifie que des dizaines de milliers d’enfants ne sont pas pris en charge par les services de santé », a souligné le président de la Chambre de commerce.

L’INE « a changé des paramètres de calcul, par exemple celui du chômage puisque l’enquête de foyers, menée sur base d’un échantillon (outil semestriel d’évaluation), considère à présent qu’une personne a un emploi si elle a travaillé au moins une heure la semaine antérieure », a affirmé Maldonado. Cependant, il s’agit d’un paramètre utilisé internationalement et il n’est donc pas surprenant que le Venezuela l’ait adopté pour harmoniser les statistiques nationales avec les statistiques mondiales.

Selon des informations obtenues par IPS, les agences du système des Nations Unies représentées à Caracas ont tenté de développer, avec le gouvernement de Chávez, des mécanismes permettant de mesurer et d’évaluer l’impact des « missions ». Cependant, des sources de ces entités ont refusé de donner des informations sur ces travaux en soulignant qu’ils étaient toujours en phase d’élaboration.

La proposition est née suite à un conflit entre la CEPAL et les [ex-]ministres vénézuéliens de l’Education et de la Santé, Aristóbulo Istúriz et Francisco Armada à cause d’un rapport de l’agence multilatérale de 2005 sur la pauvreté au Venezuela qui a été considéré comme étant « biaisé » par le gouvernement car il s’appuyait sur des chiffres de 2002 et ne prenait pas en compte le poids des « missions ».

« Les missions doivent être évaluées. Il faut mettre en valeur leurs aspects positifs et corriger leurs lacunes. Pour cela il est impératif de produire des données fiables, vérifiables et publiques afin d’exercer le droit à la participation et au contrôle social », a commenté à IPS Marino Alvarado de l’organisation non gouvernementale (ONG) Programme Vénézuélien d’Education-Action en matière de Droits humains (PROVEA, Programa Venezolano de Educación-Acción en Derechos Humanos).

Le gouvernement « a cessé de fournir des données opportunes sur la criminalité et d’autres statistiques utiles pour évaluer le respect des droits humains », a donné comme exemple Alvarado.

Fernando Pereira, de l’ONG spécialisée dans l’enfance Cecodap, a confié que l’on constate des progrès au niveau social, mais il a ajouté que les droits liés à la sécurité, à l’intégrité et au respect de la vie de l’enfance et de l’adolescence ne sont étayés que par des coupures de presse parce que la police judiciaire ne leur fournit pas d’informations.

Pour Maldonado, « le problème des missions est qu’elles ne sont pas mesurables, qu’elles ne sont pas soumises à un contrôle indépendant. Elles bénéficient de beaucoup de propagande que l’on confond avec une évaluation ».

Mais, pour des gens comme Eduardo Loaiza, âgé de 37 ans, et qui, avec sa famille, s’occupe de postes de vente d’ustensiles de cuisine et de quincaillerie dans trois rues du centre de Caracas, « il existe de nombreux plans qui ont différents noms dont le but, au final, est de distribuer un peu plus l’argent. Ce gouvernement est bien intentionné mais très désordonné en tout. Cependant, l’important c’est qu’ils nous aident à nous en sortir ».

Le Venezuela nationalise et ça ne plait pas à nos médias !

Lundi, Chavez devait juste annoncer le remaniement, il a annoncé le début d'une série de nationalisations.

Déferlante médiatique sur la décision du Gouvernement de nationaliser les entreprises de télécommunications et d'électricité du pays. Le premier pays qui revient sur les privatisations absurdes dictées par la doctrine libérale subit les foudres de la presse internationale...

Par Julien Terrié


Les faits:

«Tous ces secteurs dans un domaine aussi important et stratégique pour chacun d'entre nous, comme l'est l'électricité, tout ce qui a été privatisé, nationalisons le», dixit Hugo Chavez dans un discours télévisé.

«C.A. Nacional Telefonos de Venezuela (CANTV), nationalisons la», a-t-il ajouté. «La nation devrait récupérer» les «secteurs stratégiques».

Hugo Chavez avait menacé en août dernier de nationaliser CANTV, une ancienne entreprise publique privatisée en 1991, si elle n'ajustait pas le montant des retraites au niveau du salaire minimum, augmenté à plusieurs reprises par son gouvernement.

Lors de sa réelection en décembre dernier, il s'est engagé à opérer un tournant encore plus radical dans sa révolution socialiste. Il propose aussi la fin de l'autonomie de la Banque Centrale Venezuélienne, ce qui est contraire aux recommandations du FMI...

L'annonce de lundi va affecter, outre CANTV, Electricidad de Caracas, que détient AES Corp.

Les réactions:

La meilleure:
Débarassé de Fidel Castro, l'Amérique du sud s'offre un nouveau dictateur en la personne d'Hugo Chavez. On plaint les habitants de ce pays qui vont vivre à la méthode soviètique si chère au grand gagnant des dernières élections. L'opposition est réduite à sa plus simple expression, et la télévision qui était défavorable au dictateur, s'est vu retiré sa licence d'exploitation! La nationalisation des divers services tels que l'électricité, le téléphone et les écoutes qui vont avec, Hugo Chavez comme les Soviètiques va conduire son pays pourtant si riche, à la ruine! Le Vénézuela n'est pas encore sur la route de la démocratie...
par Pedro Alvarez

Ce ... "truc" a été publié dans el dia de la republica (journal web français)

François meurisse, l'envoyé spécial de Libé, a aussi écrit dans 24 heures. Il s'inquiète: "A Wall Street, l'action Cantv a perdu 40% depuis les déclarations du chantre du «socialisme du XXIe siècle" - chacun ses intérêts...

Puis prouve enfin, par une citation de Caldera, que Chavez est un dictateur: «le président essaie de maintenir les apparences démocratiques, mais en gouvernant par décrets, il veut passer au-dessus de l'Assemblée nationale. Ainsi, il n'y a pas de représentation de la population.» Il faut rappeler que l'assemblée est à 100% Chaviste depuis que la droite ne s'est pas présentée, donc pas besoin de la contourner. L'utilisation des décrets est pour aller vite sachant que la fenêtre économique des possibilités des nationalisations peut se refermer... l'hiver a été doux !!! La rente pétrolière va baisser.

J'ai lu en second lieu son article de Libé, et là le précédent m'a tout de suite paru plus correct, tant Libé est dans les bas fonds du journalisme. N'allons pas plus loin que le titre: "Chávez, le sacre autocrate" !!!

C'est drôle de voir la différence entre les deux articles de François Meurisse d'aujourd'hui, celui de Libé et celui de 24 heures. Les deux ont une connotation anti chaviste, certes, mais celui de libé est vraiment plus voyou que l'autre. On voit vraiment la main mise éditoriale de Libé sur le Vénézuela qui n'hésite pas à pousser le trait et transformer les propos de son propre envoyé spécial... C'est pas nouveau mais là c'est clair !!!

Allez voir les réactions des internautes de libé sur le site, plus personne ne croit en ce journal...

conférence sur l'ALBA

Samedi 20 Janvier 19h30
(salle Corraze - Toulouse)
Conférence/Débat de France Amérique Latine:

"L' ALBA � (Alternative Bolivarienne pour les
Amériques): Bolivie, Cuba et Venezuela
"

Pour accéder à la
salle Corraze

(Pour préparer cette réunion, allez voir le Dossier
ALBA
du site avec les articles de Risal)

Venezuela 2006 / Rendez-vous avec la Révolution Bolivarienne


Voilà la série de photos de Philippe Revelli sur le Venezuela: "L'impact international de l'expérience vénézuélienne a hissé la figure de Chavez au rang de nouvelle icône de la gauche latino-américaine."

Nouvelle publication sur le Venezuela... et locale en plus !

Discours d'Hugo Chavez Frias du 15 décembre 2006.
Traduction, notes et commentaire de Jean-Paul Damaggio,
58 pages, format A5
5 euros port compris par chèque à Jean-Paul Damaggio.
commande à envoyer à l'adresse: Editions La Brochure Jean-Paul Damaggio 82210 Angeville


L'objectif de la publication de ce discours: c'est permettre aux simples citoyens qui le souhaite d'accéder aux propos de Chavez dans leur GLOBALITE. Couper en tranche comme le fait la presse, la question constitutionnelle, la question économique, la question des médias, c'est rater à coup sûr une réflexion responsable sur le sujet.

Le barrio de La Vega, exemple de l'auto organisation populaire

El Gordo et sa famille Photos du quartier


La révolution bolivarienne du Venezuela est souvent résumée à la figure emblématique du président Chavez. Pourtant, loin du palais de Miraflores, un certain nombre de communautés des quartiers populaires de Caracas appuie le processus. Prendre le métro jusqu'à La Paz. De là, marcher quinze minutes jusqu'à La India. Prendre ensuite une camionnette en direction de Las Cuatras Esquinas. Marcher à nouveau. Vous êtes arrivé dans la communauté de Las Casitas, au cœur du barrio de La Vega, immense quartier populaire de 180 000 âmes sur les coteaux de Caracas. Il s'agit de l'un de ces quartiers les plus pauvres de la ville, ressemblant beaucoup aux favelas brésiliennes. Un des plus politisés aussi avec les barrios de 23 de Enero et d'El Valle.

Là-haut, après plus d'une heure et demie de route, habite Edgard Perez, " El Gordo ". Leader presque naturel de la communauté, il dirige celle-ci de l'intérieur de sa maison, la plus haute du barrio, la plus haute de Caracas… À ses pieds s'étend l'immensité de La Vega. Au loin, coincée entre les montagnes, on aperçoit la nuit, la tracée lumineuse faite par Caracas, telle une langue jaune venant lécher le fond de la vallée.

Exécution de Saddam Hussein : le Venezuela demande que George W. Bush soit également traduit en justice

Le Venezuela a exigé mercredi que le président américain George W. Bush et d’autres responsables de son administration soient traduits en justice, comme a pu l’être Saddam Hussein, pour les crimes présumés dont ils sont indirectement responsables en Irak.

Réagissant officiellement pour la première fois à la pendaison de Saddam Hussein, le ministère vénézuélien des Affaires étrangères a condamné l’exécution de l’ex-raïs, dénonçant "un crime politique résultat d’une occupation étrangère illégitime".

Dans un communiqué, le ministère explique que, si Saddam Hussein a été condamné pour sa responsabilité dans la mort de 148 chiites à DoujaJil en 1982, l’invasion de l’Irak par l’administration Bush a causé la mort milliers d’Irakiens et de soldats américains.

"Un jour, les responsables devront répondre devant la justice internationale de ces milliers de meurtres et de ces graves violations des droits de l’Homme", affirme le ministère vénézuélien. Il estime également que l’exécution de Saddam Hussein est le résultat d’un "procès truqué mené par des tribunaux imposés par les troupes d’invasion et dirigés par l’armée des Etats-Unis".

Karine Chateauneuf [AgenceNews]

APRÈS LE BRÉSIL, LE NICARAGUA ET LE VENEZUELA

Raphael Correa au cours de sa visite du nucleo Fabricio Ojeda au Venezuela

En Equateur, une victoire à consolider
Par Maurice Lemoine

Ce n'est pas du Venezuela qu'a surgi la surprise en cette fin d'année 2006. Même la presse internationale, qui ne lui manifeste aucune sympathie, avait prévu la réélection du président Hugo Chávez. Appuyé sur un ensemble de programmes sociaux, c'est avec un score sans appel (62,89 % des voix) qu'il a remporté l'élection du 4 décembre. Mais qui aurait parié sur la victoire du candidat de gauche Rafael Correa en Equateur ? Qui même le connaissait ?


Equateur, terre de volcans, dans tous les sens du mot. C'est en juin 1990 qu'un puissant courant indigène y est entré en éruption, à l'occasion de manifestations sans précédent de la Confédération des nationalités indigènes d'Equateur (Conaie). Ce mouvement demeurera la seule force sociale ayant une réelle capacité de mobilisation dans ce pays qui, au long d'une décennie d'instabilité, va voir se succéder huit chefs de l'Etat.

Lire l'article...

Après les élections, il faut accélérer

Par Josep Maria Antentas*

L’élection présidentielle du 3 décembre 2006 a eu lieu dans un contexte de stabilité relative du processus bolivarien, marqué depuis plus de deux années par la défaite de l’opposition dans le référendum révocatoire du 15 août 2004. La faillite de la tentative de révocation du président Chávez, ajoutée aux échecs du coup d’État du 11 avril 2002 et du sabotage pétrolier commencé le 2 décembre 2002 ont démoralisé et divisé les forces de l’opposition.

La relative paralysie de l’opposition droitière a permis qu’au cours de ces deux dernières années des débats internes fleurissent dans l’espace chaviste sur l’orientation que devrait prendre le " processus " (c’est le terme le plus employé par la gauche au Venezuela pour se référer à la dynamique en cours). Alors que l’opposition était affaiblie, les débats au sein des secteurs bolivariens sont apparus plus clairs et il est devenu plus aisé pour les secteurs populaires de formuler des critiques et des exigences nouvelles.

Chávez et le bloc du changement se sont présenté devant les électeurs avec l’objectif déclaré d’obtenir dix millions de voix, ce qui était plus une manière de mobiliser les électeurs qu’un objectif réel. Le but était d’obtenir un soutien populaire massif pour pouvoir " approfondir " le processus. Chávez avait besoin d’une réélection avec un résultat clair afin de décourager les éventuelles manoeuvres déstabilisatrices de l’opposition et d’entamer son second mandat présidentiel en position de force pour pouvoir entreprendre les réformes nécessaires. Mais la campagne, en charge du Commando Miranda, fut toutefois caractérisée par un fort contrôle vertical et par une dynamique " d’appareil ".

Les secteurs les plus à gauche, tel le Courant classiste unitaire révolutionnaire et autonome (C-CURA) de l’Union nationale des travailleurs (UNT), le Parti Révolution et Socialisme (PRS) ou le Projet Notre Amérique (PNA)-Mouvement du 13 avril, ainsi que les mouvements tels le Front paysan Ezequiel Zamora ou l’Association nationale des moyens de communication libres alternatifs (ANMCLA), ont promu l’initiative " Pour nos luttes ", qui se donnait pour but de mobiliser les secteurs les plus combatifs pour le réélection de Chávez sur un programme d’approfondissement indépendant. Ce fut une campagne assez faible, qui n’a pas dévoilé tout le potentiel existant, mais qui a eu des moments de visibilité importante, comme la journée de mobilisation du 20 novembre. Les mouvements sociaux sont encore faibles et fragmentés, mais les avancées enregistrées dans l’auto-organisation populaire devraient permettre une plus grande capacité de mobilisation " par en bas " dans le futur.

Cette initiative allait de pair avec le sentiment croissant, mais encore minoritaire, qu’il faut exiger des politiques concrètes et des mesures radicales qui permettraient de donner une réponse effective aux grands problèmes de la masse de la population et d’accélérer les transformations sociales. Il ne fait aucun doute que les politiques du gouvernement Chávez, fondées sur la redistribution de la rente pétrolière à travers les politiques sociales et en favorisant les processus d’industrialisation et du développement économique, ont apporté des changements positifs pour les populations les plus pauvres. Mais en même temps il est clair que les mesures prises ne sont pas suffisantes et qu’il y a un grand écart entre la rhétorique radicale du " socialisme du XXIe siècle " et la pratique gouvernementale concrète, qui n’a toujours pas pris de mesures radicales visant les élites économiques. Dans ce contexte, la bureaucratie et la corruption apparaissent comme le talon d’Achille du processus bolivarien et comme les facteurs clefs qui empêchent une avancée réelle sur la voie de la radicalisation et de la transformation sociale. (1)

Réélire Chávez afin d’approfondir le processus et de donner un contenu réel à la rhétorique du socialisme du XXIe siècle, tels étaient donc les objectifs des secteurs les plus à gauche dans cette élection.

Résultats

Les résultats électoraux ne permettent pas de douter du soutien majoritaire dont Chávez dispose dans la société vénézuélienne. Malgré les tentatives des moyens de communication réactionnaires de semer des doutes sur le processus électoral, ce dernier s’est déroulé sans aucun incident ni aucune anomalie. C’est ce que corrobore le rapport réalisé par les 400 observateurs internationaux invités par le Conseil national électoral (2).

Le corps électoral s’élevait en 2006 à quelques 16 millions d’électeurs enregistrés, alors qu’ils n’étaient que 11 millions en 2000. Cet accroissement est du aux efforts effectués pour inscrire sur les listes électorales les vastes secteurs de la population qui restaient jusque là à la marge des processus électoraux. L’abstention, de 25,12 % d’inscrits (environ 3,9 millions de personnes), si elle était la plus basse depuis la présidentielle de 1988, fut néanmoins significative. En 1998 l’abstention avait atteint 36,65 %, en 2000 elle s’est accrue jusqu’à 43,69 % et lors de référendum révocatoire de 2004 elle était de 30,08 %. Traditionnellement, l’élection présidentielle au Venezuela compte une abstention beaucoup moins grande que n’importe quelle autre élection, qu’il s’agisse des législatives, des municipales ou de celles des gouverneurs des États.

Chávez a obtenu 7 274 331 voix (62,87 %) contre 4 266 974 qui se sont portés sur Rosales (36,88 %). Il a gagné dans tous les États du pays, y compris celui de Zulia dont Rosales est le gouverneur. Les résultats recueillis par Chávez sont, tant en pourcentage qu’en nombres absolus, les plus élevés qu’ait jamais obtenu un président depuis la fin de la dictature de Marcos Pérez Jiménez en 1958 (voir le tableau). En 1998, Chávez avait obtenu 3 673 685 voix, soit 56,2 %, et en 2000, 3 757 773, soit 59,76 %.

Présidents élus au Venezuela (1958-2006) (nombre de voix et %)

1958

Rómulo Betancourt

49,18

1 284 092

1963

Raúl Leoni

32,81

957 574

1968

Rafael Caldera

29,13

1 083 712

1873

Carlos Andrés Pérez

48,74

2 130 743

1978

Luis Herrera Campins

46,64

2 487 138

1983

Jaime Lusinchi

56,72

3 773 731

1988

Carlos Andrés Pérez

52,89

3 868 843

1993

Rafael Caldera

30,46

1 710 722

1998

Hugo Chávez Frías

56,2

3 673 685

2000

Hugo Chávez Frías

59,76

3 757 773

2004

Référendum révocatoire

59,1

5 800 629

2006

Hugo Chávez Frías

62,87

7 274 331

Source : élaboration propre à partir des données du Conseil Suprême Électoral. Secrétariat Général. Direction de Statistiques Électorales. Division de Géographie Électorale

Les résultats de 2006 confirment que depuis 1998 l’écart des voix entre Chávez et ses adversaires augmente, tant en pourcentage qu’en nombre absolu (dans un contexte de croissance du nombre des inscrits). Lors de sa première victoire Chávez avait devancé son adversaire de 1 060 524 voix, lors de l’élection de 2000 son avantage était de 1 469 195 voix, lors du référendum révocatoire de 2004 il y avait 1 811 621 votants de plus pour soutenir Chávez et lors de la dernière élection il devançait son adversaire de 2 965 308 voix (3).

Dans le système électoral vénézuélien les électeurs doivent non seulement choisir le candidat qu’ils soutiennent mais également à travers quel parti politique ils le font. Dans le camp chaviste ce fut une nouvelle fois le Mouvement V République qui a été le plus choisi (4 822 175 voix, soit 41,67 %), suivi de PODEMOS (756 742 voix, soit 6,54 %) et par Patrie pour tous (PPT : 594 582 voix, soit 5,13 %). Le Parti communiste de Venezuela (PCV) s’est affirmé comme le quatrième parti du bloc gouvernemental, avec 340 499 voix (2,94 %). Signalons enfin, que la Parti Révolution et Socialisme, toujours en cours de constitution, n’a pas pu être enregistré comme organisation politique pour cette élection et, bien qu’il ait appelé à voter pour Chávez afin d’approfondir le processus, il n’a pas pris part en tant que tel à la lutte électorale.

L’analyse des résultats électoraux confirme l’existence d’une corrélation entre le niveau de la pauvreté et le soutien à Chávez. A l’exception des États de Zulia, de Vargas et du District de la Capitale, où d’autres phénomènes rentrent en ligne de compte, Chávez obtient ses meilleurs résultats dans les États les plus pauvres (4).

Ces résultats confirment également que la base sociale du processus bolivarien réside fondamentalement dans les secteurs les plus pauvres du pays, chez ceux qui sont nombreux à vivre dans l’économie informelle et le chômage. En définitive ceux qui soutiennent le processus c’est " le peuple pauvre ", formé par ceux que Mike Davis (5) définit comme le " prolétariat informel " des périphéries urbaines comme les " collines " de Caracas, dont le mode de vie est la " survie informelle ". Ce sont aussi les secteurs ruraux et campagnards paupérisés. Et en fin de comptes les secteurs les plus militants de la classe ouvrière industrielle, liés à la gauche de l’UNT, dans les zones les plus industrielles du pays constituent un autre support de ce processus. Mais l’importance de ce dernier est réduite.

Le résultat obtenu par le candidat de l’opposition, Rosales, est légèrement inférieur à celui que l’opposition a réalisé dans le référendum révocatoire d’août 2004. S’il est très largement distancié par Chávez, son résultat montre que la base sociale de l’opposition reste encore significative. La logique même du scrutin présidentiel et la bipolarisation qu’il impose a permis à l’opposition de se réunifier autour de la candidature de Rosales et de récupérer une partie du capital politico-électoral du référendum de 2004 et de se restructurer, au moins pour un temps. Rosales a réalisé une campagne populiste et démagogique, visant à attirer quelques voix populaires, parmi lesquelles ressortait la proposition d’une carte de crédit " Mi Negra " qu’il se proposait d’offrir aux familles les plus pauvres en la créditant de 200 à 400 euros pris sur la rente pétrolière ainsi que ses promesses de préserver et " d’améliorer " les Missions sociales.

Même s’il n’avait aucune chance de l’emporter, la candidature de Rosales a permis aux forces de l’opposition de récupérer une certaine crédibilité politique. Elles ont affronté une présidentielle avec de grands dilemmes stratégiques. Initialement l’opposition ne savait pas vraiment si elle avait l’intention d’aller jusqu’au bout ou bien si elle retirerait son candidat sous un prétexte quelconque. De même l’opposition avait du mal à décider si elle accepterait les résultats du vote, ou si au contraire elle aurait intérêt de mener une opération de déstabilisation post-électorale avec l’aide des moyens de communication qu’elle domine.

La reconnaissance rapide de sa défaite électorale par Rosales semble indiquer qu’au sein des forces de l’opposition, ou du moins d’une partie d’entre elles, perce l’idée qu’elles doivent se préparer à une lutte de longue durée contre Chávez et que cela implique l’élaboration d’un projet alternatif qui soit crédible. L’importance de l’appui populaire dont bénéficie Chávez, le caractère incontestable de ses victoires électorales, les échecs de la période 2002-2004 et les difficultés actuelles du gouvernement Bush embourbé en Irak et affaibli aux États-Unis même, font que l’opposition ne croit pas disposer des forces suffisantes pour réactiver les options putschistes et déstabilisatrices et que pour l’instant ces dernières ont fait place à une stratégie institutionnelle. Cela va probablement conduire à de nouvelles divisions de l’opposition entre les secteurs optant pour un affrontement et ceux qui tentent, comme l’indique Roland Denis, " d’exiger leur reconnaissance en tant qu’acteurs de la construction de la V-ème République, à la recherche d’un dialogue et surtout d’une intégration dans son cadre. " (6)

Toutefois, ce serait une grave erreur stratégique des forces chavistes, de confondre ce qui est une option tactique de l’opposition, motivée par les rapports de forces qui lui sont pour le moment très défavorables, avec ce qui reste son objectif stratégique irrévocable : le renversement de Chávez et du cadre institutionnel de la V-ème République (ou du moins sa complète dénaturalisation et sa transformations sur la base d’autres paramètres). Croire aux " conviction démocratiques " de l’opposition et dans le caractère irréversible de son pari " institutionnel " ou, pire encore, faire des concessions au secteurs supposés plus " doux " en espérant les opposer aux " durs " au nom de la stabilisation du pays et de la consolidation des institutions de la V-ème République, serait une grave erreur pour le chavisme. Cela ne pourrait que servir à freiner les transformations en cours.

Approfondir le processus, renforcer ses appuis sociaux et sa base sociale militante, priver les secteurs économiquement dominants de leurs privilèges matériels dont ils se servent pour leur action politique voilà la meilleure des façons de mettre en échec les ennemis du processus bolivarien.

Dilemmes et perspectives d’avenir

La réélection de Chávez ouvre une période de débats internes au sein du camp bolivarien. De leurs résultats va dépendre dans une grande mesure l’avenir du processus. L’année 2007 sera une année de définitions. Les tensions vont se refléter dans les débats concernant la réforme constitutionnelle, dont la portée et le contenu restent encore à déterminer, dans les débats sur l’appel à créer un " part unique " des forces chavistes, dans les conflits au sein de l’UNT, dans la lutte pour mettre en oeuvre des mesures fondamentales, tels la loi de la sécurité sociale ou le respect du fonctionnement des Conseils communaux.

Chávez lui-même a annoncé " l’approfondissement de la révolution bolivarienne ", son orientation vers " le socialisme du XXIe siècle " et vers la " voie vénézuélienne au socialisme ". Il a parlé d’une " bataille contre la contre-révolution bureaucratique et contre la corruption ". Il s’agit là effectivement des principales tâches qu’il faut aborder. Mais elles peuvent être interprétées et définies de manières très diverses.

Parmi les dilemmes du camp bolivarien, les débats sur l’orientation du processus et les luttes visant à définir la composition du gouvernement, une tension structurelle se dissimule. D’un côté, il y a ceux qui parient sur une radicalisation des réformes réalisés dans l’optique d’une perspective plus ou moins socialiste. De l’autre ceux qui défendent fondamentalement un modèle de capitalisme régulé et une perspective " néo-developpementiste ", qui cherche des alliances avec la bourgeoisie nationale et régionale et qui parie sur le renforcement d’un bloc latino-américain qui serait capable de s’insérer dans des conditions plus avantageuses dans l’économie mondiale. Ce serait soit la dernière station du trajet, soit une phase transitoire, avant d’avancer vers le socialisme (7).

Si le processus ne s’approfondit pas, s’il n’avance pas vers une transformation sociale radicale, le projet de Chávez pourra s’étendre d’épuisement. Mais l’approfondissement du processus n’est pas une tâche linéaire. Il implique de prendre des mesures et de réaliser des sauts qualitatifs en direction de la rupture avec l’appareil d’État actuel, de s’en prendre aux privilèges des élites économiques, de rompre avec la logique de la propriété privée et des rapports de production capitalistes. Une avancé lente et graduelle " vers le socialisme " peut se transformer en pétrification, conduire à la démoralisation et à la démobilisation de la base sociale qui le soutient et se terminer par une (auto)correction de l’orientation dans un sens inverse de celui qui avait été souhaité.

Officiellement, tous ceux et toutes celles qui sont insérés dans le camp gouvernemental chaviste soutiennent la rhétorique de l’approfondissement de la révolution bolivarienne et du socialisme du XXIe siècle. Mais la réalité est très différente. Au sein du gouvernement, des partis qui le soutiennent et parmi ses fonctionnaires, il y a des secteurs qui se proclament " chavistes " mais qui n’ont rien de commun avec un quelconque projet réel de transformation radicale de la société et qui représentent la " droite " interne du processus.

Pour avancer vers une rupture réelle avec le capitalisme, la mobilisation et le développement de l’auto-organisation populaire, dans le cadre du processus mais de manière indépendante par rapport à l’État et au gouvernement constituent encore des outils nécessaires. C’est à partir de la mobilisation et de l’auto-organisation populaire qu’il sera possible de donner un contenu réel et concret à l’idée du socialisme du XXIe siècle. Il s’agit là du défi fondamental pour l’étape ultérieure à l’élection présidentielle d’un processus bolivarien qui doit appuyer l’accélérateur.

___________

* Josep Maria Antentas, dirigeant de Revolta Global, organisation catalane de la IVe Internationale, est membre du Bureau exécutif de la IVe Internationale.

1. Voir les interviews de Stalin Pérez " La lucha contra la burocracia y la corrupción, y por los derechos de los trabajadores, será muy importante el año que viene " (La lutte contre la bureaucratie et la corruption et pour les droits des travailleurs sera plus importante dans l’année qui vient) et celle de Roland Denis " No terminamos de resolver la burocracia que sigue absolutamente viva " (Nous n’avons pas fini avec la bureaucratie qui reste toujours vive) disponibles en espagnol sur : www.vientosur.info

2. Rapport des observateurs de l’élection présidentielle au Venezuela le 3 décembre 2006, sur www.rebelión.org

3. O. Al Qasa, " Jugando a las matemáticas con la oposición " sur le 7 décembre 2006.

4. J. Dávila, " Pobreza y Elecciones " sur . L’auteur utilise les chiffres de la pauvreté de l’année 2001. Selon la CEPAL la pauvreté a régressé dans le pays de 11,5 % au cours des cinq dernières années, donc les corrélations qu’il indique ont pu légèrement varier si l’on prend les données d’aujourd’hui.

5. M. Davis, Planet of Slumps (Planète des bidonvilles), London 2006, édition Verso

6. R. Denis, " Tres evidencias postvictoriosas " sur le 8 décembre 2006.

7. Claudio Katz (2006) " Socialismo o neo-desarrollismo " (Socialisme ou néo-développementisme).

Code Chávez. CIA contre Venezuela

D'Eva Golinger

C’est en avocate que l’auteure de cet ouvrage, Eva Golinger, apporte les preuves qui démontrent comment le gouvernement de M. George W. Bush a tenté d’ « en finir » avec le président vénézuélien Hugo Chávez. S’appuyant sur une importante documentation provenant d’organismes officiels américains, l’auteure met en évidence le rôle de la Central Intelligence Agency (CIA), de l’Agence américaine pour le développement international (Usaid) et de la Fondation nationale pour la démocratie (National Endowment for Democracy, NED) pour construire et financer un mouvement d’opposition n’écartant pas les options violentes, comme l’a prouvé la tentative de coup d’Etat du 11 avril 2002.

Une place importante est accordée à la NED, sorte d’organisation non gouvernementale créée par l’administration Reagan pour financer « légalement », dans le monde entier, des organisations jusque-là prises en charge par la CIA. Bien que le livre ressemble parfois à un roman d’espionnage, il s’agit là d’un authentique témoignage sur des pratiques déjà employées, du Chili au Nicaragua.

Hernando Calvo Ospina.

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La phase « Socialista » du processus vénézuélien ?

Par Julien Terrié

Au delà de la caricature malhonnête propagée par tous les médias français, du Monde au Figaro en passant par Marianne et l'intarissable Libération, la création du «parti-unique-de-l'apprenti-dictateur-Chavez» ou, en réalité, le Parti Socialiste Uni du Venezuela (PSUV), constitue un nouvel élément du processus révolutionnaire vénézuelien. De plus, les nouvelles mesures du gouvernement posent des questions politiques majeures dans la perspective de ce fameux socialisme du XXI° siècle.

Proposition d'un parti uni.

Le 15 décembre 2006 au Théâtre Teresa Carreño, Hugo Chavez annonce la création du PSUV: Je déclare aujourd’hui que je vais créer un nouveau parti. Avec moi, je veux que gouverne un parti. Les votes ne sont d’aucun parti, ces votes sont ceux de Chávez et du peuple, qu’on ne nous raconte pas d’histoires. »

Le message est clair... La dernière phrase est un message à ceux qui ont fait des partis officiels du Chavisme (Mouvement de la V° République -MVR- en tête) des organisations qui ont reproduit les pratiques de la IV° République dont les deux mamelles sont Corruption et Bureaucratie : les principaux freins du processus aujourd'hui.

Ce PSUV est de la part de Chavez un coup de pied dans la fourmilière, une « dinamita » ! Selon Josep Cruelles (camarade de l'assemblée bolivarienne de Catalogne). Les partis chavistes ont trop perdu de crédit face à un peuple de plus en plus conscient et exigeant. Les organisations de plus en plus autonome du processus exerçant maintenant un pouvoir de contrôle trop fort pour masquer le rôle contre révolutionnaire de ces nouvelles bureaucraties.

Un autre but non avoué de ce PSUV est l'organisation de toute la population participant aux missions sociales, en effet, des centaines de milliers de femmes, de jeunes et d'hommes sont le coeur du fonctionnement des missions et restent le nez dans le guidon parce qu'aucune direction ne peut aujourd'hui orienter cette masse politique précieuse. Mais beaucoup de bonnes intentions ne suffiront pas et il y a un gros enjeu de garantir la démocratie dans cette structure.


Radicalisation du gouvernement

Le gouvernement avec l'élan l'élection triomphale de Chavez s'est radicalisé, les membres les plus modérés comme par exemple le vice président Rangel, ont été remerciés. La presse française a dénoncé unanimement l'attribution des pouvoirs « habilitants » à Chavez par l 'assemblée ... les "pleins pouvoirs" comme ils disent ! Pourtant en 2001, avec le même procédé, Chavez a fait les avancées les plus significatives dans le processus (loi de la pêche, loi de la terre, loi sur les hydrocarbures) qui ont constitué un progrès social au Venezuela. L'assemblée a donné démocratiquement à Chavez 18 mois pour passer des décrets stratégiques pour destabiliser les intêrets capitalistes vénézueliens. Les mesures les plus importantes seront la nationalisation de CAN TV principal opérateur internet, téléphone et mobile lié aux intérêt états uniens, la mise en place de la sécurité sociale intégrale comparable au système français et le refondement du code du travail pour en sortir la précarité et couper l'herbe sous le pied à la corruption. Avant tout, le but est d'ouvrir un immense débat sur ce que peut être le socialisme du XXI° siècle ... démocratique, autogestionnaire, émancipateur, contrairement à celui du XX° siècle...


Organisation du peuple.

La création des conseils communaux, vue au départ comme un nouveau découpage administratif pour l'administration de fond aux projet des communautés (Jusqu'à 30% du budget public) se révèle comme le lien manquant entre toutes les structures politiques des quartiers où des communautés de l'intérieur du pays (missions de santé, éducation, coopératives, mouvements culturels). Le gouvernement devrait aussi donner une impulsion aux « conseils ouvriers » mis en place dans les usines en cogestion (Etat/Ouvriers) ou certaines coopératives et plus rarement dans des entreprises privées mais qui n'ont jamais eu de réel pouvoir. La loi en cours de rédaction (ley de los consejos de trabajadores) donnera une structure légale et un pouvoir notamment de contrôle des conditions de travail aux conseils ouvriers où pourront participer les syndicats.

Malgré toutes les bonnes volontés, le PSUV comme ce nouveau projet gouvernemental ne sera pas à l'abri de tomber dans les périls bureaucratiques. La vigilance et la conscience du peuple organisé et des mouvements sociaux et syndicaux révolutionnaires seront à nouveau déterminantes pour cette nouvelle phase du processus: la phase « socialista » !

Venezuela : Reporters sans Frontières insinue que Chávez est trop légaliste ?

Par Numancia Martínez Poggi.

Dimanche 28 janvier 2007.

Reporters sans Frontières (RSF), avec une consistance digne d’éloge, poursuit son offensive propagandistique contre la Révolution bolivarienne du Venezuela. Sous le prétexte du non renouvellement de la concession jadis cédée par l’Etat à la chaîne privée Radio Caracas Televisión (RCTV), RSF porte de bruyantes attaques contre Chávez.

Apparemment, selon la logique à l’œuvre chez RSF, si un Etat donne une concession à une chaîne pour occuper l’espace hertzien, cet Etat perd définitivement tout droit à pouvoir un jour récupérer cet espace. Rassurez-vous : cette conception élargie de la liberté de la presse n’est par RSF brandie que dans le cas du Venezuela. Evidemment, sinon cela poserait de sérieux problèmes. Avec une telle logique, toutes les télévisions russes seraient encore communistes ; tous les medias espagnols seraient encore franquistes...

Cette philosophie de la liberté de la presse à géométrie « variable », tout à fait arbitraire, est vraiment déroutante pour les gens sincèrement inquiets du respect des droits des journalistes et des citoyens de façon générale. Cependant cette philosophie -à géométrie « variable » si on s’en tient aux prétextes avancés- comporte de solides linéaments universels : RSF intervient toujours en défense des intérêts impérialistes. Voilà pourquoi, si on s’en tient aux archives de RSF, jamais un journaliste révolutionnaire sankariste n’a été chassé des medias burkinabé, jamais un journaliste sandiniste n’a été chassé des medias nicaraguayens, jamais un journaliste indépendantiste n’a été chassé des medias portoricains... RSF ne dénonce jamais les attaques contre la liberté de la presse commises par les amis de l’impérialisme, sauf bien entendu dans les cas les plus flagrants, déjà connus, qui pourraient confondre l’ONG dans son parti pris.

Aujourd’hui l’ONG RSF, pour lui faire part de son inquiétude, adresse un énième courrier à Chávez [1]. Ce courrier n’est pas totalement inintéressant, et pas non plus totalement morne -disons-le- : il est même comique. RSF avoue connaître le rôle de la chaîne RCTV lors des « événements » d’avril 2002 : « Nous n’ignorons pas l’attitude de RCTV et d’autres médias privés lors du coup d’Etat d’avril 2002. Cependant (...) » On peut donc enfin demander, nous qui croyions naïvement que RSF avait été victime de la censure, pourquoi RSF n’a jamais condamné le comportement de RCTV. RCTV et les autres télévisions issues de la IVème République ont en effet été les fers de lance du coup d’Etat fasciste. Marcel Granier, PDG de RCTV qui aujourd’hui prétend représenter la résistance au « totalitarisme » chaviste, se trouvait parmi les putschistes dans le palais présidentiel de Miraflores le vendredi 12 avril 2002. Plus généralement sur le rôle des medias de la IVème République lors du coup d’Etat fasciste d’avril 2002, notre religion est faite.

Le vendredi 12 et le samedi 13 avril 2002, alors qu’ils pensaient le peuple bolivarien définitivement vaincu, ils se répandaient en fanfaronnades télévisées, prétendant s’attribuer le plus de mérites possibles dans la réalisation du coup d’Etat - fanfaronnades qui sont aujourd’hui autant d’aveux. On pouvait voir sur les écrans les militaires putschistes célébrer, remercier et féliciter les medias de la IVème République -dont RCTV- pour leur rôle décisif. Leur rôle a été décisif en effet, dans la guerre psychologique, dans la manipulation de l’information, dans la fanatisation de la bourgeoisie... Jamais RSF n’a émis la moindre réserve sur ce drôle de mariage entre « les journalistes » de télévision et les militaires fascistes, ne serait-ce que pour mettre en garde quant au discrédit encouru. Les putschistes -soutenus par RCTV- avaient fermé la chaîne Venezolana de Televisión (VTV, dite Canal Gocho), la seule chaîne qui n’était pas impliquée dans le coup. Jamais RSF n’a émis la moindre condamnation, ou la moindre réserve -y compris a posteriori. RSF confesse donc aujourd’hui ne rien ignorer du rôle de RCTV dans tous ces « événements », mais on attendra probablement encore longtemps la moindre réprobation.

« (...) coup d’Etat d’avril 2002. Cependant, la mesure révocatoire contre le groupe audiovisuel intervient près de cinq ans après ces événements [sic]. » Brandissant une sorte de délai de prescription arbitraire, inventé à brûle-pourpoint, RSF semble dire à Chávez « c’est vrai que RCTV a eu rôle fascisant, en incitant à la confrontation violente, en fermant des medias, en participant au renversement d’un gouvernement démocratique et autres ‘‘événements’’, mais cela remonte à près de cinq ans ». Donc RSF doit maintenant prétendre ignorer le rôle postérieur de RCTV.

Après avril 2002 RCTV ne s’est pas comportée comme une chaîne civique et démocratique, mais a soutenu sans faille toutes les nouvelles embardées putschistes. En octobre 2002 par exemple RCTV a soutenu le soulèvement militaire de la Plaza Francia [2]. En décembre 2002 et janvier 2003 les medias de la IVème République ont joué un rôle stratégique dans l’offensive contre les institutions, contre l’économie et contre la société. Et le reste à l’avenant, jusqu’à nos jours, même s’il est certes vrai que l’exaltation fanatique des arrogants nostalgiques de la IVème s’est retournée contre eux. Pour mobiliser la petite bourgeoisie les medias lui faisaient croire que Chávez était sur le point de tomber. Pour aider à la désertion dans l’industrie pétrolière, les medias faisaient croire que jamais les chavistes -ignares presque par définition- ne pourraient faire repartir l’entreprise PDVSA. Tant de défaites et tant d’irrationalité ont, malgré tout, fait lever quelques sourcils dans les rangs des bases aujourd’hui clairsemées de l’opposition.

RSF fait de plus semblant d’ignorer que la concession donnée par l’Etat à RCTV expire en mai 2007 et qu’elle n’expirait pas en mai 2002. Ou bien RSF eut voulu que Chávez fermât RCTV en mai 2002 hors de toute légalité ? RSF semblerait, comme certains courants révolutionnaires, reprocher à Chávez d’être trop légaliste. Que n’eussions-nous pas entendu si Chávez s’était avisé de prendre une décision si arbitraire... fermer un media putschiste... Selon cette logique -celle de RSF, non celle de Révolution bolivarienne- Chávez devrait dès maintenant fermer Globovisión. Peut-être que dans cinq ans, temps d’incubation nécessaire apparemment, RSF avouera ne rien ignorer du fait que la concession légale de RCTV expirait en mai 2007.

Les medias communistes ont perdu pied en Russie, les medias franquistes ont presque disparu en Espagne, les medias de la IVème République -pro-impérialiste et répressive- ne peuvent pas durer éternellement. Loi d’airain de la sociologie médiatique plus qu’attentat contre la liberté de la presse.

Numancia Martínez Poggi



Nouvelle tempête de mensonges du Monde contre la révolution vénézuélienne, par Thierry Deronne.

Cuba : Reporters Sans Frontières et ses contradictions, par Salim Lamrani.

Venezuela - Affaire RCTV et nationalisation de la CANTV : mensonges médiatiques et éclairage, par Romain Migus.




[1] Lettre titrée : « Au nom du pluralisme des médias, Reporters sans frontières en appelle au président Hugo Chávez », 25 janvier 2007 www.rsf.org.

[2] La Plaza Francia, immense place de Caracas, en plein cœur du quartier huppé d’Altamira dans la municipalité de Chacao, a été inaugurée par François Mitterrand en 1989 quelques mois après le biblique massacre commis par Carlos Andrés Pérez. Les deux compères de l’Internationale Socialiste prétendaient ainsi célébrer le bicentenaire de la Révolution française, mais ce sont ceux qui descendirent des collines quelques mois avant pour revendiquer le droit à une vie digne qui étaient les vrais continuateurs, les vrais frères, des porteurs des Cahiers de Doléances de 1789.

Lula le « gentil réaliste » - Chavez le « méchant populiste »

4 mars 2005 - Tribune - Johanna Levy


Nous présentons ci-dessous un document de Johanna Levy en réaction à un artile publié dans Libération le 17 février 2005 : Chávez le populiste vole la vedette à Lula le réaliste.
Contribution à l’analyse au traitement médiatique du Venezuela par les médias français.

Dans un article paru dans la rubrique Rebonds du 17/02/2005, Jacques Amalric entreprend une analyse des relations entre Lula et Chavez à partir d’observations qu’il a manifestement faites à Porto Alegre (ou à partir de faits qui lui furent rapportés, peu importe.) Une manière indirecte de comparer les deux chefs d’Etats - exercice de style apparemment obligé pour les journalistes et les essayistes du Forum Social -, et le moyen, pour Amalric, de donner court à toute la finesse de son analyse en dépeignant le gentil « réaliste » et le méchant « populiste ».

Lire la suite...

18 questions et réponses sur le socialisme du XXIè siècle

"Subversion radicale autour du monde: A bas le capitalisme" Photo Yannick Bovy

Par Haiman El Troudi*
Traduction : Mathilde Gauvain, Romain Migus.

Nous avons choisi de faire parler un acteur du processus révolutionnaire vénézuelien actuel. Seul processus qui, aujourd'hui, cherche à sortir du modèle libéral. L'intérêt de leurs débats, malgré la différence entre les situations vénézueliennes et françaises est de montrer qu'avec de la volonté anticapitaliste claire, de la créativité et une véritable confiance en ceux qui souffrent et veulent changer de condition, on peut affronter la plus grande puissance mondiale et bâtir une société plus juste. Ce n'est pas de l'utopie mais bien la réalité des vénézueliennes et des vénézueliens d'aujourd'hui... Une bouffée d'air dans notre campagne électorale.


1.Le socialisme du XXIè siècle peut-il coexister avec l'entreprise privée?


La carte jouée par toutes les expériences du socialisme réel du siècle dernier a été fondée sur la recherche de l'égalité basée sur la propriété sociale des moyens de production. Avec l'élimination de la propriété privée, ces expériences socialistes affirmaient assurer l'élimination des inégalités sociales, donnant ainsi naissance à une société sans classes.

A part en de notables exceptions, cela ne s'est pas passé ainsi. Même si l'Etat était propriétaire des moyens de production, la division en classes perdurait malgré tout : d'un côté la bureaucratie étatique privilégiée et nantie, les « représentants » de la société dans l'administration du gouvernement, et d'un autre, la population privée d'espaces pour la participation à la gestion publique, mis à l'écart de l'exercice d'un pouvoir populaire et démocratique.
En grande part, leur échec est venu d'une erreur : ne pas interpréter la dialectique des processus qui naissent et se développent au milieu de contradictions importantes et de résistances.

En cela, le Socialisme du XXIè Siècle (SSXXI) doit être compris en termes de processus; son idéal étant d'établir de nouvelles relations de « vivre-ensemble » fondées sur l'égalité, la justice sociale et la solidarité, en instaurant pour cela un nouveau mode de production. Réaliser cet idéal suppose d'effectuer un long chemin, que les théoriciens nomment la transition. La transition vers le socialisme peut durer de longues années, ce sera peut-être le travail d'une génération.
Le défi dans cette transition est d'obtenir un consensus.

Rappelons-nous que la révolution bolivarienne est pacifique, et transformer pacifiquement le Venezuela suppose le dialogue des savoirs et le respect de la pluralité d'opinions. Que se passerait-il dans le pays si on décidait brusquement d'étatiser ou de nationaliser toutes les entreprises?

Ceci n'est pas le cas. Le cap vers le socialisme peut toujours, sans aucune difficulté, développer l'initiative privée qui accepte les nouvelles règles du jeu. Rappelons-nous que Marx lui-même n'était pas opposé à la propriété privée gagnée dans l'effort et l'honnêteté. Tant pis pour ceux qui s'excluent eux-mêmes, pour ceux qui se refusent à reconnaître que le socialisme est notre nouvelle réalité.

Pour ceux qui n'ont pas écouté le Président Chavez dire qu'il n'existe pas de recette du socialisme, je le répète, nous construirons le Socialisme du XXIè Siècle de manière collective, et l'idée est de prendre de la distance avec les erreurs des socialismes du XXè Siècle. Le développement national requiert le concours de tous : l'Etat, les institutions privés et les communautés organisées.

Pour l'instant – et nous ne savons pas pour combien de temps-, il est donc question d'un modèle d'économie mixte : la propriété sociale des moyens stratégiques de production aux mains de l'Etat; dans tous les autres secteurs économiques, la propriété privée aux mains de particuliers sera possible, qu'elle soit individuelle ou collective; et enfin la gestion populaire directe sur la propriété sociale, assumée par une communauté ou des organisations créées à cet effet.

Les membres d'une organisation de ce type ne sont pas les propriétaires, ils ont l'usufruit des facteurs de production tant qu'ils y travaillent. En décédant ou en quittant l'organisation productive, ils ne peuvent pas transmettre leur droit, ni le céder, ni le vendre.


2.Quels sont les changements que doit expérimenter le secteur privé actuel pour s'adapter le socialisme du XXIè siècle?

Le Président Chavez avait déjà lancé une proposition en 2005 : se constituer en Entreprises de Production Sociale. Dans ce cadre, l'activité privée participe en co-responsabilité avec la Souveraineté Productive Nationale, respecte un ensemble de pré-requis ordonnés par l'Etat, et de cette manière peut accéder aux bénéfices que cette structure offre : exonérations fiscales, marchés d'Etat, financement, machines, etc...

Dans le livre «Entreprises de Production Sociale, instrument pour le Socialisme du XXIe siècle», nous rapportions notre opinion quant aux traits caractéristiques que toute EPS doit incorporer progressivement :

1. La Responsabilité Sociale de l'Entreprise : les entrepreneurs dispensent des oeuvres sociales au bénéfice de la communauté;
2. lien avec les problèmes locaux : elles apportent leur soutien à l'organisation sociale, et à la recherche de solutions, elles s'articulent avec les Conseils Communaux, etc;
3. Elles produisent pour satisfaire les besoins sociaux, et non pas dans l'objectif de vendre pour vendre et d'augmenter ses revenus : elles ne cherchent pas à stimuler la consommation de biens superflus ou luxueux, elles se concentrent sur la fabrication de produits fondamentaux pour la subsistance humaine;
4. Redistribution des excédents entre les propriétaires des entreprises, les travailleurs et la société : elles ne s'enrichissent pas aux dépens de l'exploitation du travail d'autrui, mais partagent au contraire les marges de bénéfices;
5. Diminution des bénéfices particuliers et augmentation des bénéfices sociaux : les EPS gagnent le nécessaire et réduisent les prix des marchandises au maximum, en bénéfice de la population;
6. elles tissent des relations de Commerce Equitable : elles rompent les chaînes et les filets de la distribution et de la spéculation, en échangeant leurs marchandises avec le moins d'intermédiation possible;
7. elles s'incorporent aux plans de formation des travailleurs, et en cela elles contribuent à diffuser la culture et à élever les consciences
8. elles construisent des relations de démocratie directe à l'intérieur des unités de travail : élection des représentants et des administrateurs, rendu de comptes, contrôles sociaux des travailleurs, révocabilité des mandataires;
9. la production est guidée par les principes de la valeur d'usage de la marchandise : on ne produit pas pour la valeur commerciale de biens déterminés, outre le fait que la rentabilité de l'entreprise de rime pas avec qualité...
10. elles donnent une rémunération digne et régulière aux travailleurs : à chacun selon ses besoins et son travail;
11. elles destinent la production à ceux qui en ont le plus besoin : elles s'intégrent de façon désintéressée aux Plans de Protection Sociale destinés à ceux qui sont en situation de grande pauvreté et d'exclusion ;
12. elles prennent un engagement écologique pour les générations futures;
13. elles s'articulent avec les Plans Gouvernementaux de Développement comme les Noyaux de Développement Endogène (1), les budgets participatifs, les cabinets mobiles;
14. elles créent et/ou encadrent de nouvelles entreprises, coopératives ou associations productives sans but lucratif et sans y rechercher un intérêt économique
15. elles appliquent les nouveaux protocoles de service au public : traiter dignement les travailleurs, les clients et toutes les personnes en général, dépasser les pratiques bureaucratiques clientélistes et les dysfonctionnements hérités de la IVe République.

Même si les EPS sont propriétaires de certains moyens de production, elles agissent selon un logique solidaire, ne retirant que le bénéfice nécessaire, sans chercher le surprofit, et collaborant avec l'Etat pour l'instauration d'une société juste, inclusive et égalitaire. Il ne s'agit pas ici d'entrepreneurs dont l'unique but est l'accumulation démesurée. Les EPS ont une conscience sociale, elles organisent leur activité productive en fonction des besoins du peuple. Les entrepreneurs savent qu'ils gagneront de l'argent mais qu'il s'agira de richesse obtenue par le travail.

Le programme « Fabrica Adentro » (2) a déjà incorporé plus de mille entrepreneurs, avec l'idée de transformer leurs entreprises en EPS. Ceux qui ne sont pas disposés à le faire ne pourront pas espérer obtenir d'aides publiques, devront payer leurs impôts, respecter la loi, et fatalement devront se soumettre à l'opinion publique nationale, chaque jour plus consciente et mobilisée pour construire le socialisme.

3.Autant de marché que possible et autant d'Etat que nécessaire?

Certains défendent cette thèse. Pas moi. Entre autres parce qu'elle laisse de côté la communauté organisée qui participe à la production.

Selon moi, dans le Socialisme du XXIè siècle, la communauté s'organise aussi bien pour assurer les fonctions de gouvernement local : Conseils Communaux, Conseils Locaux de Planification Publique, contrôle citoyen, prises de décision, etc..., que pour entreprendre des activités productives : coopératives, EPS, entreprises autogérées ou cogérées, associations de mutuelles, etc... C'est-à-dire en fait pour prendre en charge les domaines du pouvoir politique et du capital. La communauté est protagoniste, et pas uniquement un acteur de la répartition.

La relation entre l'Etat, le marché et la communauté doit toujours dépendre de la capacité d'organisation de la communauté. C'est un triangle orienté par la communauté. Il ne peut en être autrement dans le socialisme, puisque c'est le bénéfice collectif qui indique le Nord, pas celui des secteurs dirigeants ni de groupes privilégiés.

Parmi les hypothèses de l'économie politique, le marché suppose une production sociale et une appropriation privée, ce qui est le contraire même du socialisme. L'équation correcte est «production sociale + appropriation collective». Le rôle de l'Etat est de servir de pilier et de moteur du processus, il ne doit pas s'ériger sur la société et la diriger, mais faire pleinement partie de la société.

L'Etat vénézuélien héritier de la IVè République n'est pas un Etat révolutionnaire, mais est au contraire un Etat déformé, inefficient, corrompu et clientéliste. Il faut donc construire un nouvel Etat démocratique, dans lequel le peuple soit au centre de la prise de décisions. Le marché, qui est ici toujours défini comme le champ où s'échangent les biens et services pour la satisfaction des besoins réels de la population, doit se plier aux règles et à l'intérêt de la majorité.

4.Le modèle rentier toujours en place entraîne le consumérisme. N'est-ce pas une contradiction que la politique sociale du gouvernement se place sous ces auspices?

Le pari du gouvernement bolivarien a été celui de l'inclusion sociale fondée sur la satisfaction des besoins réels de la population, aussi bien que le plan matériel que culturel, et sur le soutien à la consommation de ces biens, notamment pour les secteurs pauvres et marginalisés de la société. Le nivellement des conditions de vie doit se faire par le haut, afin que nous puissions tous vivre dignement et bénéficier d'une certaine qualité de vie. Il s'agit de former une sorte de classe moyenne, mais qui soit une catégorie socio-économique médiane agissant au sein de relations et de valeurs socialistes, et non régie par la logique capitaliste.

Il faut bien distinguer la consommation et le consumérisme. La consommation est une activité absolument nécessaire à la vie, qui consiste dans l'achat rationnel de biens et services nécessaires : alimentation, toit, chaussures, énergie, services, sécurité sociales, etc. Le socialisme alloue à tous l'accès à ces consommations vitales.
Le consumérisme est une consommation démesurée, superflue, créée par la soif d'enrichissement du capitalisme, ou, ce qui revient au même, c'est une attitude frivole et superficielle qui consiste à acheter pour acheter tout ce que propose le marché, une forme de mercantilisation extrêmement développée. Pour assurer leur subsistance, le capitalisme et le marché nécessitent une société de consommation sous l'égide du consumérisme.

Ce que la révolution a accompli, c'est la redistribution de la rente nationale pétrolière en priorité aux exclus. Cela a si bien fonctionné que, très récemment, les secteurs les plus vulnérables de la société ont commencé à épargner.

5.Comment sera le modèle économique qui se substituera au capitalisme?

La métaphysique du capitalisme, c'est l'idée de la rupture de stock : les ressources de la planète sont insuffisantes pour que tous puissent s'enrichir. Seule une minorité privilégiée y parvient, à travers l'exploitation du travail d'autrui et des moyens de production. Moins de 15% de la population mondiale concentrent plus de 80% des richesses.

Au contraire, le socialisme repose sur la théorie de l'abondance : il existe sur Terre suffisamment de ressources pour subvenir aux besoins de la population mondiale si elles sont distribuées équitablement. Pour cela la révolution bolivarienne a redistribué les richesses entre tous...

Il est ici question d'un nouveau modèle économique qui se forgera à la lumière des circonstances historiques qui résultent de la transition vers le socialisme. Celle-ci, de la voix même du Président Chavez, sera une économie mixte mais construit autour de nouvelles relations productives, auxquelles participeront les communautés organisées et les petites, moyennes et grandes entreprises, aussi bien publiques que privées.

6.Le coopérativisme est-il le modèle qui soutiendra la nouvelle économie?

Les coopératives sont des formes d'association dont la propriété est privée mais collective. Le coopérativisme n'est pas une forme d'organisation typiquement socialiste, il peut exister également au sein d'une structure capitaliste. La propriété collective et la propriété sociale sont deux choses bien distinctes.

La révolution bolivarienne a vigoureusement encouragé toutes les modalités possibles d'organisation productive. Nous sommes passés de 12.000 à plus de 140.000 coopératives. Un large système de micro-financement qui démocratise le crédit est implanté. En accordant des terres et des machines, on augmente les capacités de production. La mission « Vuelvan caras » (3) va vers les gens et crée des noyaux locaux pour le développement endogène. La mission « Fabrica adentro » accorde des bénéfices aux entreprises privées. On encourage la constitution d'entreprises de production sociale, etc...

Comme nous pouvons voir, tout ne se fonde pas sur le modèle coopératif. Nous croyons au coopérativisme, mais nous ne le considérons pas comme la forme unique sur laquelle repose notre stratégie économique productive.

7.Quels sont les secteurs stratégiques de l'économie susceptibles d'être nationalisés ou étatisés?

Tous les moyens de production stratégiques sont susceptibles d'être étatisés et/ou nationalisés au nom de la sûreté et de la souveraineté nationales... Pour donner un inventaire approximatif de ces ressources stratégiques, on pourrait citer : l'énergie quelqu'en soit la source (pétrole, gaz, électricité...), l'eau, l'air, les réserves de biodiversité, les industries productrices de matière première pour le secteur industriel, les télécommunications, les terres non cultivées, les trains et tramways, l'exploitation de minéraux précieux et à haut contenu radioactif.

Le secteur bancaire est également un outil de production stratégique, mais selon moi il ne devrait pas faire l'objet d'une étatisation, à moins que les entreprises privées ne contreviennent aux dispositions de la loi et ne portent atteinte aux intérêts nationaux.


8.Les nationalisations et étatisations représentent-elles un quelconque risque?

Ceux qui associent le socialisme à l'étatisation se trompent. Les expériences historiques d'un « tout-étatisation » ont conduit au capitalisme d'Etat. Le socialisme du XXIè siècle que le Président Chavez nous invite à construire collectivement doit apprendre des manques et des erreurs du passé, dans le même temps où il doit se servir des expériences couronnées de succès si elles sont applicables à la réalité vénézuélienne.

Les craintes au sujet des étatisations sont infondées, les autorités n'ont fait aucune annonce ni n'ont adopté aucune attitude hostile à la propriété privée. Ce que nous sommes en train de faire est de remettre de l'ordre dans les dysfonctionnements générés par les secteurs antinationaux qui cherchent à semer la confusion et la déstabilisation; j'en prends pour exemple ce qui s'est passé récemment avec les blocages d'approvisionnement en nourriture.

A ce sujet, le Président Chavez a fait le commentaire suivant : « la propriété privée sera « supprimée et éliminée » quand elle porte atteinte aux intérêts de la communauté pour laquelle elle est supposée travailler ». Maria Cristina Iglesias (4) a dit : « Exproprier les moyens de production : NON!, mais les mettre au service du peuple! ».

A ceci j'ajouterais, en réfléchissant aux questions de l'inefficience des institutions de l'Etat hérité de la IVè République, au bureaucratisme et à la corruption : l'Etat vénézuélien serait-il en mesure de gérer tous les moyens de production si ceux-ci passaient sous son contrôle? Pour l'instant, j'en doute.

Le processus bolivarien s'oppose aux privatisations autant qu'il s'oppose au pouvoir des monopoles, mais il a également appris les leçons de l'histoire, et à cet égard il sait que la nationalisation des entreprises ne garantit pas que celles-ci soient gouvernées par le peuple et pour le peuple.

9.Pourquoi est-ce si important de dépasser le capitalisme?

Parce que c'est impératif pour l'humanité. La survie de l'espèce humaine sur la planète n'est pas viable au sein du capitalisme.

La promesse du capitalisme est la richesse. Le problème est que pour être riche il faut posséder en abondance des biens matériels et financiers, et les premiers, présents dans la nature aussi bien sous forme de matières premières que de produits transformés, ne sont pas illimités, encore moins lorsqu'ils ne sont pas renouvelables. Par conséquent, avec plus de 6 milliards d'habitants dans le monde, il est difficile de garantir à tous une part importante dans la répartition des richesses.

La promesse faite par le capitalisme est irréalisable; sa réalisation nécessiterait plusieurs planètes comme la Terre.

Pour chaque capitaliste riche, il y a des millions de personnes plongées dans la misère et une part de ressources qui s'épuise. La richesse des privilégiés s'est nourrie de l'exploitation des autres et de la destruction de l'environnement. Il est essentiel d'avoir cette réalité à l'esprit lorsqu'on peut être hypnotisé par les attraits de la richesse : si la grande majorité des habitants du monde se décidait à devenir riche et y parvenait – hypothèse d'école -, il y aurait derrière cette impossible réalisation un paysage désertique et une quantité incommensurable d'individus exploités et poussés au fond d'un abîme de misère.

Le capitalisme alimente ses propres résistances et ses propres antagonismes. Ils sont peu nombreux, ceux qui ne reconnaissent pas son ordonnement irrationnel du monde, non seulement en raison de sa logique d'oppression et d'exploitation, mais surtout pour sa capacité à générer des antivaleurs.

Ce système infâme repose sur « l'exploitation de l'homme par l'homme »; il enrichit une classe dominante et minoritaire aux dépens de la misère de la majorité, il prive les travailleur-se-s de la possibilité de disposer de la richesse qu'ils créent eux-mêmes.

Les caractéristiques du capitalisme, dans sa marche historique, ont été de rompre les liens sociaux, de désintégrer les communautés, d'épuiser les ressources naturelles et de prolétariser des continents entiers. Nous voulons dépasser le capitalisme dans la mesure où nous voulons instaurer : un nouveau système de relations sociales dans lequel les intérêts privés ne primeraient pas sur les intérêts collectifs. Nous voulons fonder des relations sociales qui favorisent le triomphe de la fraternité sur l'égoïsme, du bien-être collectif sur l'individualisme, de l'égalité sur l'iniquité sociale, de l'inclusion sur l'exclusion, des besoins sociaux sur la richesse privée, du travail digne sur l'exploitation, de l'efficience socialiste sur l'inefficience capitaliste, de la satisfaction des besoins réels sur le consumérisme.

La promesse du socialisme est celle d'un développement humain intégral. Des hommes et des femmes qui se réalisent matériellement et culturellement. Pour cela il n'est pas nécessaire d'être riches, il suffit de calquer les conditions de vie de l'ensemble de la population sur celles de la classe moyenne.

10.Est-il possible de conjuguer le socialisme du XXIè siècle avec une économie basée sur l'exportation de pétrole?

C'est parfaitement possible. C'est peut-être cette situation particulière d'abondance de ressources d'hydrocarbure qui a créé les conditions de possibilité de notre révolution.

La richesse en pétrole et en gaz, loin d'être un obstacle pour la transition vers le Socialisme en est le catalyseur. Que se passerait-il si nous ne disposions plus de ressources pour la relance de la production nationale et la lutte contre la pauvreté? Qu'a donc fait l'ex URSS pétrolière dans ses années de plein essor ? Redistribuer la richesse, exactement ce que nous faisons ici.

Dans tous les cas, le défi est de vaincre la culture paternaliste, clientéliste, assistancialiste, et populiste hérité du consensus punto-fijiste (5). Le défi est de nous éloigner de la logique capitaliste alimentée durant l'époque de la Venezuela saoudite, où tout était acheté par le pétro-argent.

11.Le Socialisme du XXIe siècle sera-t-il un retour au troc ?

Il est difficile d'instaurer un système de troc dans le système globalisé d'aujourd'hui. Dans une des petites îles de Cuba, plusieurs essais d'économie fondée sur l'échange ont été tentés et les résultats n'ont pas toujours été positifs.

Cependant, je suis partisan de l'idée que des économies complémentaires échangent des biens et des services, comme nous le faisons déjà à travers l'ALBA (6). En échange du pétrole, le Venezuela reçoit des vaches uruguayennes, des semences argentines, du soja bolivien, ou des services médicaux cubains,…

Il est possible que le troc et la circulation de monnaie locale puissent s'instaurer dans des espaces réduits, comme par exemple dans les nouvelles villes fédérales socialistes, dans les noyaux de développement endogènes, entre coopératives et EPS, etc… mais pas dans le contexte élargi de l'économie régionale et nationale.

12.Est-il possible que l'industrie pétrolière soit régie par le modèle de cogestion ? (7)

Pas pour l'instant. Nous devons d'abord continuer de développer la culture cogestionnaire avant de l'adopter dans la principale industrie du pays, principale source de revenue nationale.

En vue d'éclairer ce concept, pour que nous soyons d'accord sur la définition, par cogestion, j'entends parler du partage de la gestion entre les travailleurs d'une entreprise qui assument par là des rôles de gérants, pratiquent la démocratie interne pour la l'élection des autorités qui devront rendre des comptes de manière transparente, ouvrir les caisses noires des administrations, et où les mandatés comme les fonctionnaires peuvent être révoqués. Le tout sur la base du critère de l'efficience productive… Je ne pense pas la cogestion comme un système fondé sur la participation actionnariale des travailleurs dans leur industrie.

PDVSA est et doit continuer à être à tous les Vénézuéliens et Vénézuéliennes.

13.Peut on avancer une définition temporaire du Socialisme du XXIe siècle ?

Le Socialisme du XXIe siècle ne peut pas encore être confiné dans une définition temporaire rigide. Je préfère avancer certaines caractérisations qui pourront être interprétées au final comme un système de traits distincts.

Dans tous les cas, nous proposons des idées pour le débat qui vient de commencer sur ce thème : le Socialisme du XXI siècle est un nouveau socialisme, d'un nouveau type, qui cherche à dépasser les erreurs du passé tout en gardant les apports positifs, qui retient des autres expériences le profond sens humaniste et les relations fraternelles et libertaires, mais qui sera défini au prisme du nouvel ordre mondial et de la spécificité vénézuélienne.

Un Socialisme pensé et élaboré dans les champs féconds de l'originalité et de la créativité de ce peuple d'artisans et d'orfèvres. Un Socialisme forgé dans la justice de nos libertadores, un Socialisme au parfum d'utopie réalisable. S'interrogeant sur les incertitudes de ce qui est en train de naître. Annoncé dans les rues pavées du temps présent. Diabolisé par la marée basse de ce qui se résiste à succomber. Calomnié par l'écho des voix de ceux qui admettent la fin des idéologies. Vilipendé dans les cocktails de ceux qui trahirent leurs principes et leur conscience.

Mais avant de poursuivre dans l'identification de ses caractéristiques, laissons la parole à ceux qui ont exposé les idées fondamentales du Socialisme.

Avec Marx et Engels, la doctrine socialiste s'impose scientifiquement face au capitalisme, en signalant qu'il s'agit d'un système supérieur au régime capitaliste en en ce qu'il substitue la propriété collective des moyens de production à la propriété privée, en ce qu'il instaure un gouvernement du Peuple et parce qu'il pose les bases d'une société supérieure fondée sur l'égalité sociale et le développement intégral de l'individu.

Selon le Che, "le Socialisme n'est pas une société de bienfaisance, ce n'est pas un régime utopique basé sur la bonté de l'homme. Le Socialisme est un régime auquel on arrive historiquement, et qui a comme base la socialisation des biens premiers de production et la distribution équitable de toutes les richesses de la société, dans le cadre d'une production sociale."

Dans une société socialiste, chacun travaille selon ses moyens et est rétribué selon ses besoins; de cette manière, on gomme les différences sociales entre les personnes.

Dans ce contexte, le défi socialiste du XXI siècle suppose une actualisation de l'idéal précurseur du Socialisme utopique, qu'on peut voir comme une pépinière où de nouveaux idéaux germent dans un horizon enrichi à travers l'Histoire par les enseignements et l'apprentissage des expériences précédentes.

Le nouveau Socialisme doit sauvegarder les idées de liberté, d'égalité, et de fraternité, mais en les rattachant à la base à une spécificité concrète, aux demandes actuelles et ce, à partir d'une analyse critique des réussites et des erreurs historiques du camp socialiste du XXe siècle; il doit aussi signifier democratie sans limites, pluralisme, coopération, bien-être, développement intégral de l'être humain, paix, utopie et amour.

C'est pour ça que, lorsque je me réfère aux idées forces du Socialisme d'un nouveau type, je préfère esquisser ce qu'il ne doit pas être, séductions dans lesquelles la Révolution Bolivarienne évite de tomber :

Ne doit pas être :
12.Un capitalisme d'Etat
13.Populiste-paternaliste
14.Messianique
15.Etatiste
16.Guerrier
17.Athée
18.Avec un Parti unique
19.Totalitaire
20.La copie d'un modèle
21.Ne doit pas pratiquer excessivement un centralisme "démocratique"
22.Protecteur de la division entre dirigeants et dirigés

De la même manière, en me référant au Socialisme du XXIe siècle, je me propose de l'associer aux synonymes suivants. Le Socialisme du XXIe siècle est 1) une nouvelle société, régie par 2) le pouvoir populaire 3) au sein d'une démocratie profondément participative 4) avec une égalité matérielle et culturelle où 5) chacun reçoit de la société ce dont il a besoin pour mener une vie digne et donner selon ses capacités, dans la recherche du 6) développement intégral des êtres humains.

14.Quel sera le changement culturel des vénézuéliens accoutumés aux valeurs négatives du capitalisme ?


Nous voulons une nouvelle société, une femme nouvelle, un homme nouveau mués par la solidarité. Dans cette société devra exister l'égalité matérielle et culturelle entre tous, c'est-à-dire la matérialisation du développement intégral de tous, d'une vie digne et de la pleine réalisation de l'humanité. C'est une société avec des valeurs rénovées.

Entre autres valeurs, l'homme nouveau, la femme nouvelle doivent etre éthiques, justes, pratiquer la réciprocité, participatifs, honnêtes, disciplinés, responsables, humbles, efficients, sociables, créatifs, doivent asumer l'égalité de genre, desintéressés, passionnés, ne pas être individualistes, ni mesquins, ni racistes, ni intolérants, ni adulateurs…

Nous voulons mettre en pratique la formule marxiste : "que chacun s'emploie au maximum de ses capacités et soit rémunéré selon son travail" pour vaincre l'aliénation consumériste, le gâchis environnemental, le culte de l'argent, et la fortune facile, la corruption et l'égoïsme.

15.Socialisme Vs. Corruption. Comment va-t-on livrer bataille?

La corruption est la déviation la plus connue de l'honnêteté. Cette pratique incorrecte est inhérente à tous les domaines sociaux, autant dans le capitalisme que dans le socialisme. La corruption existe dans les deux systèmes, dans l'administration publique comme dans le secteur privé, dans les foyers comme dans les institutions, chez les hauts cadres ou agents publics comme chez ceux de moindre rang.

La corruption est l'acceptation du style de vie matérialiste que nous impose l'idéologie capitaliste. La corruption est la fille de la recherche avide d'une richesse facile et de l'esprit de luxe induit par le fétichisme de la marchandise.

Un tel mal mérite une attention particulière centrée sur la personne et la société. L'éducation a un rôle de premier ordre à jouer dans cette bataille. Le socialisme éduque l'être humain afin que celui-ci devienne une personne capable d'utiliser de manière adéquate sa liberté, sans transgresser les normes et principes déterminés pour le bien commun au sein de son organisation et de la société.

C'est pourquoi la corruption ou la diminution de l'éthique publique sont le résultat d'un usage inapproprié de la liberté qui, à ne pas être soumis obligatoirement à un certain nombre de valeurs, incite les fonctionnaires et les citoyens à violer et/ou oublier les normes et préceptes qui soutiennent la bonne gouvernance.


16.Comment se manifeste la corruption ?

Les formes par lesquelles se manifeste la corruption sont diverses et variées.
Il y a corruption lorsque les fonctionnaires font profit des marges de liberté qu'ils possèdent dans leurs organisations et emploient le pouvoir et l'autorité qui leur ont été délégués pour leur propre bénéfice. Un exemple de ce type est la demande et/ou l'acceptation de commissions, de récompenses pour ses services.

Un autre exemple : lorsque les citoyens exercent une pression pour obtenir des bénéfices ou des faveurs, au travers de commissions qu'ils offrent aux fonctionnaires. De la même manière, il y a corruption lorsque l'argent public est détourné au moyen de stratagèmes administratifs et juridiques.

Ou encore, la corruption peut s'exprimer quand le devoir n'est pas accompli. De même, la corruption se base sur la mise en valeur de ses intérêts, en accélérant le service sollicité, par l'intermédiaire de l'influence d'un parent ou d'un ami. Enfin, la corruption est associée aux pratiques népotiques.

D'autre part, nous devons définir les pratiques de corruption comme une réponse à des circonstances sociales qui ne peut pas être détachée des actes individuels. Contrairement à ce que l'on pense fréquemment, la corruption ne repose pas sur des individus, mais sur des situations sociales déterminées qui s'insèrent dans les failles de l'éthique publique, que l'on peut attribuer à deux facteurs basiques : a) La présence d'individus moralement faibles b) la préexistence de contextes administratifs, organisationnels, et sociaux qui la favorisent.

17.Comment agir face la corruption ?

Le point de départ sera développé par les socialistes au sein de la fonction publique, en pratiquant de nouvelles conduites :

Traiter les usagers avec respect, accepter ses erreurs et recevoir positivement les conseils, ne pas accepter de commissions pour son travail, être prudent et bien gérer l'information que l'on reçoit, être juste dans sa prise de décision, se baser sur des faits démontrables et non sur des mensonges, des rumeurs ou des ragots, n'avoir aucune préférence pour quelqu'un, ne pas abuser de son pouvoir, tenir sa parole, agir avec transparence et sincérité, ne pas avoir de double morale, faire le maximum d'effort et mettre toute sa connaissance à la tâche, être solidaire, accomplir les objectifs communs, mettre en valeur les personnes pour ce qu'elles sont vraiment sans se laisser influencer par les apparences, respecter les croyances, opinions, coutumes et préférences politiques des autres, et ne pas traiter de manière injuste les personnes dont les points de vue divergent, être respectueux et obéir à la loi et à la justice, ne pas discriminer ses collègues féminines, ne pas utiliser son pouvoir pour dénigrer ceux qui nous sont antipathiques, ne pas harceler sexuellement ses collègues,…


18.Quels moyens appliquer pour combattre la corruption ?

Ce défi suppose une structure complexe, qui implique diverses avancées : l'Education et la morale socialiste, l'exemple des révolutionnaires, la le contrôle social (contraloria social), l'ouverture des caisses noires de l'Etat, la flexibilisation et la simplification des appareils bureaucratiques-administratifs, la démocratisation de la prise de décision aux mains des communautés organisées, la comptabilité publique périodique et transparente de la part des fonctionnaires et autorités du gouvernement, la gestion directe des œuvres publiques par les communautés, qui peuvent aussi participer à leur réalisation, les appels d'offre publics, la bonne administration de la justice, etc. Tous ces moyens nous permettrons d'éradiquer la corruption dans la société.


*Haiman El Troudi: Ancien directeur de cabinet du Président Chavez (2004-05), ancien Secrétaire National du Comando Maisanta durant le referendum d'août 2004, ancien conseiller du Ministère de la Planification, actuellement il est Directeur du programme de recherche sur le Socialisme du XXIe siècle au Centre International Miranda.

Auteur de nombreux ouvrages en espagnol consultables sur :
http://haimaneltroudi.blogspot.com/


Notes des Traducteurs :

(1) Les Noyaux de Développement Endogène sont des centres de développement économique et social, formés autour de coopératives de production et intégrant les unités des missions d'éducation et de santé.


(2) Accord passé entre le Ministère du Pouvoir Populaire pour le Commerce et les Petites et Moyennes Industries et des entrepreneurs vénézuéliens afin de dynamiser l'agencement industriel du pays.

(3) Fondée sur l'article 3 de la Constitution Bolivarienne, la mission Vuelvan Caras vise à encourager le développement des capacités productives au sein des communautés, grâce à des envoyés dans les quartiers populaires qui aident à la création d'organisations productives, notamment sur le plan logistique.

(4) Actuel Ministre du Pouvoir Populaire pour le Commerce et les petites et moyennes industries.


(5) Au sortir de la dictature du général Perez Jimenez, les principaux partis à l'exception du Parti Communiste signèrent un pacte dans la ville de Punto-Fijo qui eut pour conséquence le partage du pouvoir (et du pactole pétrolier) entre les partis social-liberal et démocrate-chrétien durant 40 ans.

(6) ALternative Bolivarienne pour les Amériques. Accord régional signée entre la Bolivie, le Venezuela, Cuba et le Nicaragua qui tend vers une integration régional solidaraire et coopérative. Sa construction s'est faite en réaction à la Zone de Libre Echange entre les Amériques que prétendait imposé les Etats-Unis avant d'échouer devant la nouvelle donne régionale lors du Sommet de Mar del Plata en novembre 2005.

(7) La cogestion est un des modèles de production prônés par le gouvernement bolivarien dans la construction du Socialisme du XXIe siècle. Une série d'entreprise occupée par les travailleurs ont été nationalisé et placé sous le contrôle de l'Etat et des ouvriers, regroupés en une coopérative. Ces derniers assurant la gestion de l'entreprise ne partenariat avec l'Etat.