Le 3 décembre, Hugo Chavez a été confortablement réélu à la tête du Venezuela, avec 61,35 % des voix contre 38,39 % à Manuel Rosales, son principal opposant.
L’écart entre les deux candidats à la présidence du Venezuela, lors de l’élection du 3 décembre, est tel qu’il n’a pas laissé à Manuel Rosales d’autre choix que d’admettre sa défaite. La victoire de Hugo Chavez est indiscutable dans tous les États du pays, y compris ceux où l’opposition était majoritaire en 2006. Dans certains États, son score dépasse les 75 %. Les votes se sont déroulés dans le calme le plus complet, mis à part l’agression dont ont été victimes, en allant voter, le maire de Caracas, Juan Barreto, et le ministre de la Planification, Jorge Giordani. Les Vénézuéliens sont allés massivement voter, se levant parfois à trois ou quatre heures du matin pour prendre leur place dans la file d’attente.
Manuel Rosales, profitant de la dynamique qu’il a su créer autour de lui, apparaît comme l’homme fort de l’opposition. Pourtant, l’importance de l’écart avec Chavez et sa défaite dans son propre État sont un coup de massue supplémentaire à une opposition qui avait presque fini par croire aux illusions qu’elle avait semées à grand renfort de sondages trafiqués. Tout en accusant Chavez de populisme, Rosales n’a pas hésité à proposer à tous les Vénézuéliens qui en feraient la demande une carte de crédit de 200 à 400 euros mensuels, activée en cas de victoire. Cela s’appelle, tout simplement, acheter des voix...
Si l’opposition apparaît pour une fois unie, il en faut encore beaucoup pour qu’elle regagne du crédit auprès du peuple vénézuélien. C’est sous les cris de « Vive la révolution socialiste » que Chavez a porté ses premières appréciations : « Un monde meilleur est possible, dans lequel seraient respectés les droits de l’Homme, la souveraineté et l’indépendance des nations pour une société où l’égalité domine. » Selon lui, il faut « approfondir la révolution bolivarienne » et « trouver la voie vénézuélienne vers le socialisme ». Répondant aux aspirations populaires et à celles de la gauche révolutionnaire vénézuélienne, il a déclaré « dégainer deux épées : l’une contre la corruption, l’autre contre la bureaucratie ».
Tout le camp du président s’est mobilisé pour cette douzième victoire électorale consécutive, même si, des mots aux actes, la frange la plus radicale sait qu’il y a encore du chemin et que nombreuses sont les interprétations possibles du mot « socialisme ». Le courant de lutte de classe dans le syndicat UNT, le Parti de la révolution et du socialisme (PRS) et le Projet notre Amérique savent que leurs responsabilités sont importantes pour faire gagner des luttes sociales : installation de nouveaux paysans, nationalisations, hausse des salaires, droit à la contraception et à l’avortement, autogestion ouvrière sont autant de chantiers que la gauche révolutionnaire mettra au premier plan, en proposant une stratégie de confrontation avec le capitalisme vénézuélien, ainsi qu’avec les secteurs bureaucratiques qui occupent une partie du pouvoir politique.
De Caracas, Yannick Lacoste
Publié dans: Rouge
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire