Tu sais que Louis et moi nous trouvons actuellement dans un des innombrables Macondos du continent, un village au sud de l`Orénoque appelé Guri et situé dans la Guyane venezuelienne.
Nous avons comme tu l`imagines eu le formidable privilege de prendre part a l`allegresse du peuple venezuelien réélisant son président et administrant ainsi un formidable camouflet a l`Empire nord-americain.
Toute la campagne avait ete faite sur ce theme : notre concurrent, ce n`est pas le candidat de lòpposition, c`est Bush et l`Empire.Paradoxalement cette "revolution bolivarienne" survient dans le pays qui a peut-etre ete le plus colonise de toute l`Amerique latine : non seulement les yanquis consideraient jusqu`en 1999 que les richesses du Venezuela leur appartenaient (et n`ont pas encore accepte qu`elles leur echappent), mais la population avait pour modele culturel les USA plus que partout ailleurs en Amerique latine.
Les habitudes de consommation et les modeles culturels, vehiculés en particuier mais pas exclusivement par les medias aux mains de l`opposition, sont encore completement nord-americains. Cela fait que le processus actuel est en bonne partie un processus de decolonisation, dans tous les sens du terme.Ce que nous avons decouvert (a nos depends) c`est que l`epaisseur de la "burocratie" et du clientelisme herités de l`epoque anterieure est insondable. Que la "democratie participative" est un bel objectif mais n`existe dans les faits que dans des secteurs tres reduits. Bref : le changement reste a faire, ce qui n`a rien d`etonnant car il y faut beaucoup plus de temps que celui qui s`est ecoule depuis la premiere election de Chavez. Lui est sans conteste un leader genial, grand "maestro" qui fait en permanence de la pédagogie, qui connait son peuple mieux que personne (voir l`importance qu`il donne dans ses discours a Jesus, seul moyen de faire entendre le message du socialisme a un peuple empreint d`une foi chretienne forte autant que sommaire) et qui a une formidable intuition de ce qui peut etre fait a chaque moment de ce parcours de transformation.
Les Venezueliens avec lesquels nous avons etabli des liens depuis six mois sont unanimes, qu`ils soient vendeurs d`arepas (las galettes de mais, base de l`alimentation) dans la rue, coopérativistes, activistes des Missions, artistes ou employés dans des structures de l`Etat : si le processus ne se radicalise pas, il va perir. La population chaviste est excedée par la burocratie, par les abus des politiques (gouverneurs, maires, ministres parfois), elle ne fait confiance qu`a Chavez et se mefie (avec raison) de TOUS les autres.
La radicalisation qu`elle appelle de ses voeux ne tient pas tant a l`organisation de l`economie (nationaliser de nouveaux secteurs) qu`a nettoyer l`appareil d`Etat et les appareils politiques de tous les opportunistes qui l`occupent. C`est le projet de Chavez avec le parti unifie qu`il lance maintenant. Reste a savoir s`il y parviendra....c`est un defi, mais c`est indispensable.
La force du Venezuela réside aujourd`hui, plus que dans des facteurs internes, dans la capacite de l`ensemble de l`Amerique latine a s`unifier et a tenir tete a l`Empire. La aussi Chavez joue tres finement et les circonstances favorisent le changement : réelection de Lula, election de Correa en Equateur. Faiblesse des soutiens aux USA, en particulier au Mexique avec un président élu frauduleusement et une situation sociale potentiellement explosive.
Je m`en tiens la pour aujourd`hui, je voulais seulement t´envoyer un message d`amitié, et peut-etre aussi te faire comprendre pourquoi nous ne donnons pas plus de nouvelles : la réalité du venezuela est d`une telle complexité que nous en sommes au moment oú nous accumulons des informations et des analyses et serions bien en peine pour l ìnstant d`en faire une synthése : cela viendra !
A lo mejor vamos a perecer aqui, pero por lo menos fieles a Marti "Con los pobres de la tierra, quisimos nuestra suerte hechar"Abrazo, donne de tes nouvelles !
De : danielle bleitrach
Source: bellaciao
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